Plusieurs enquêtes récentes ont montré à quel point la perception de ce qu’est véritablement une psychothérapie est approximative. Ce livre se propose de dénoncer les nombreuses idées reçues et souvent répétées qui entretiennent des confusions et des malentendus, parfois très préjudiciables.
Rédigé avec humour, cet ouvrage est destiné :
- à ceux qui envisagent d’entreprendre une psychothérapie — ou qui sont déjà engagés dans cette démarche — mais aussi à leurs proches et amis ;
- à toute personne soucieuse de comprendre les enjeux psychologiques nouveaux de notre société en mutation ;
- aux praticiens en psychothérapie qui se trouvent au carrefour des malentendus et des « on-dit » de leurs clients, du grand public et des médias.
Un livre... à consulter en toute occasion.
Sommaire :
100 idées fausses : psychothérapie = psychanalyse dans les médias et les conversations / Psychothérapie = écoute silencieuse, psychothérapie = soigner les symptômes. Il faut retrouver les pères inconnus ... Comprendre l'origine de ses troubles aide à les dépasser / Je suis en psychothérapie, je vais donc pouvoir arrêter mes médicaments, etc...
Public :
Tous ceux qui entament ou vont entamer une psychothérapie.
EXTRAIT
Nous sommes marqués par notre passé :
comprendre les racines de mon mal-être m’aidera à le dissiper
Voilà encore une idée reçue, qui paraît évidente !
« Tel père, tel fils »
« Les chiens ne font pas des chats »
L'arbre vient de ses racines.
Ces principes simples demandent pourtant à être nuancés ! Si l’arbre se développe en effet, à partir de la graine et des racines, l’inverse est tout aussi vrai : tout au long de sa croissance, l’arbre produit des graines et des racines. Ces dernières se développent et s’enfoncent, parallèlement à sa croissance et compte tenu de l’environnement.
Il est donc tout aussi vrai de dire « les racines viennent de l’arbre » !
Pour sortir de la métaphore, disons que nous reconsidérons nos origines et notre passé, tout au long de notre existence. La neurophysiologie nous confirme d’ailleurs que notre mémoire est un processus de reconstruction vivant et permanent : chaque évocation du passé est légèrement modifiée selon le contexte et l’objectif de notre remémoration, et nos souvenirs sont loin d’être conservés comme des objets neutres et objectifs. Tel événement passé dramatique peut apparaître aujourd’hui comme une anecdote glorieuse, tel succès brillant, comme une simple illusion de jeunesse !
La psychothérapie traditionnelle est d’ailleurs, en partie, un recadrage du passé : ce ne sont pas les événements qui changent, mais notre regard porté sur eux.
Nous sommes tout autant les maîtres que les esclaves de notre passé.
Les enfants ne ressemblent que partiellement à leurs parents : c’est le thème même du progrès permanent. Notre destin est d’échapper au passé pour créer le futur.
Nos enfants ont baigné dès leur naissance dans la télévision et l’informatique : ils ne se réfèrent plus à la sagesse de leurs aïeux, mais à l’omniscience de Google, encyclopédie internet internationale de 8 milliards de pages (un dictionnaire dont l’épaisseur atteindrait 300 km), parcourues une par une, en une fraction de seconde !
La simple observation quotidienne montre que les causes de notre comportement sont autant futures que passées : si je me couche tôt ce soir, c’est peut-être parce que je suis fatigué par une longue journée chargée, mais cela peut aussi bien être causé par le désir d’être reposé demain, pour mieux affronter une réunion importante. Si je tombe sur la route, ce peut être causé par une déchirure musculaire passée, par un obstacle imprévu présent, ou encore par un objectif futur qui me pousse à me précipiter…
En somme, « nous roulons en 4 x 4 », poussés par le moteur arrière de notre expérience, et tirés par la traction avant de notre désir.
Le passé, comme le futur, peuvent déterminer chez nous des comportements et des troubles. De plus, notre état psychologique actuel colore notre passé comme notre futur.
Le manque et l’appétit nous poussent à manger, mais le repas stimule notre appétit.
La causalité n’est pas linéaire, mais circulaire et en interdépendance systémique.
La psychothérapie va donc considérer à la fois notre passé, notre vécu subjectif actuel, nos attentes et nos projets : nos traumatismes et nos regrets, notre souffrance et nos difficultés présentes, nos craintes et nos espoirs, l’impact de notre environnement sur nous, et notre potentiel d’action sur l’environnement, la psychosomatique et la « somatopsychique »…
La psychothérapie est ainsi un ensemble complexe, un viaduc à plusieurs files de circulation, entre une science logique et un art créatif.
En fait, il n'a jamais été démontré que la découverte ou l’explication de l’origine de troubles psychiques représentait un pas vers la guérison, contrairement à une première hypothèse freudienne. On constate même parfois l'inverse !
André souffre de difficultés sexuelles à affirmer sa virilité ; son analyse l'a aidé à prendre mieux conscience que sa mère était très sévère et « castratrice », ne lui laissant guère d'initiative, tandis que son père était falot, éteint et soumis à sa femme. Ainsi, il n'a pas bénéficié d'une image d'identification virile pour se construire. Cela peut expliquer en partie ses difficultés actuelles… Mais cela les justifie tout autant : avec de tels parents, il n'est pas surprenant qu'il soit peu affirmé et qu'il souffre de difficultés d'érection. II eut même été étonnant qu'il en fût autrement ! « Ce n’est pas ma faute, mais la faute de mes parents ! ».
La compréhension explique, mais ne guérit pas.
La prise de conscience peut parfois s’opposer à la prise de responsabilité — laquelle est nécessaire à une bonne psychothérapie.
Ainsi, on note une double différence entre la psychothérapie et la médecine : dans l’approche médicale, la découverte des causes induit souvent le traitement et, d’autre part, le patient n’en est que très partiellement responsable.
« L'interprétation nourrit le symptôme », disait Lacan : elle l’entretient et ne le dissout pas !
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