Pour créer à votre goût,
embrassez tout !
Amandine, une urgence dans la voix, me lance un S.O.S. : aide-moi, je dois pondre un texte et je suis bloquée!
Bien sûr! C’est toujours une joie pour moi d’être la plombière de votre tuyauterie intérieure (le plombier est passé chez-moi et je baigne encore dans la joie de voir l’eau de l’évier couler comme une source vive sans cesse renouvelée, un luxe que j’oublie souvent de savourer).
Une fois chez moi, cette écrivaine en panne se plaint que ses inspirations font la grève et que ses personnages la boudent. Une vraie conspiration!
Elle se sent sèche comme un grain de sable dans le désert et se désespère : elle s’ennuie de ses personnages, il faut absolument qu’ils recommencent à lui faire la jasette!
Intriguée, je lui demande depuis quand sa source est tarie.
C’est là qu’on découvre un ne pas musclé à l’œuvre dans son impasse : une réaction négative contre son éditeur.
Amandine est braquée contre lui. Elle s’attendait à ce qu’il soit enchanté de son travail, il lui a plutôt suggéré de retravailler certains passages. Elle doit remettre les bœufs devant la charrue,
ayoye!
Une trâlée de ne pas s’échappe de sa bouche comme des mouches : il n’est jamais satisfait, elle n’a plus rien à donner, elle ne joue plus, bon!
Plutôt que recevoir avec tendresse ce que ça touche en elle, elle a fermé boutique, et le clapet à tout son beau monde imaginé.
Elle est renversée : finalement, c’est elle qui boude ses personnages et non l’inverse…
Une fois ses ne pas sortis de l’ombre, l’amour et la vie qui en était captifs rejaillissent. Elle se remet à avoir du cœur pour ce qu’elle vit et du cœur au ventre pour continuer sa création.
La voilà redevenue une terre fertile pour ses inspirations et sa progéniture littéraire.
Je suis aussi heureuse qu’elle de sentir sa flamme se rallumer et curieuse de voir ce que ça va donner dans son écriture…
Comme il nous reste du temps, elle me parle de sa difficulté à digérer ses quarante ans. C’est comme si la vie venait de coller l’étiquette « passé date » sur le fruit de ses rêves.
- Ça va bien dans ma vie mais je trouve que c’est trop tard, ça aurait dû arriver avant, il ne me reste pas assez de temps pour vivre ce que je voudrais.
- Et qu’aurais-tu aimé vivre que tu n’as pas vécu?
- Euhhhh…
Soudain, le chat sort du sac! Elle a tout ce qu’elle aurait pu souhaiter dans sa vie amoureuse et créatrice, et même plus. Il ne faut pas se réjouir pour autant quand même!
Faut croire qu’elle porte en elle la jumelle de son éditeur : l’insatisfaite. Rien ne semble assez bon pour contenter et enchanter cette grande dame…
Pour la dérider (oh!), j’improvise une chanson amusante qui l’invite à faire le deuil de son insatisfaite -qui elle est passée date - pour mordre à belles dents dans le fruit mûr et juteux de sa vie.
Elle arrive surprise et émerveillée à la rencontre suivante : sa sève coule à flot, ses personnages ont du bagout et sa joie d’écrire est ressuscitée.
Elle n’en revient pas, on dirait de la magie! Je fais la fête avec elle, mais j’observe la magie de l’ouverture depuis trop longtemps pour m’en étonner.
L’ouverture à tout ce qu’on vit et rencontre, beau ou pas beau, pour libérer et offrir le meilleur de soi à nos amours et nos créations! Ça nous ouvre les portes de l’univers enchanté, foisonnant, non domestiqué du Cœur Créateur.
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