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La dépression... 

Par Claude-Marc Aubry, Psychologue, Paris, France.

Déjà dans l’antiquité, 400 ans avant l’ère chrétienne, l’école hippocratique de médecine décrivait les états dépressifs sous les termes de mania et de mélancholia. 

De nos jours, l’augmentation sans cesse croissante du nombre de cas nous interroge : s’agit-il de déprime, de mal être ou de dépression ? Quoiqu’il en soit il convient de voir en chaque déprimé un cas unique. Mais de façon générale on peut distinguer :

Dépression sévère  

Intense douleur morale, épuisement maximum, envie de rien, goût à rien, dégoût de soi, sidération ( on a perdu toute envie de faire quoi que ce soit ou de communiquer avec les autres ) ou au contraire agitation ( mais sans rien faire de constructif ), instabilité. Risque suicidaire.

Dépression moyenne 

Lorsque les évènements déclencheurs ( perte de l’être aimé, chômage, deuil etc…) viennent en fait réactiver une dépression latente largement conditionnée par des schémas anciens et inconscients de dysfonctionnements élaborés dans l’enfance. Les symptômes peuvent se manifester sous forme de passivité, de fatigue, d’insomnies, d’indifférence, de retrait sur soi excessif ou bien au contraire d’irritabilité et d’agressivité. Il devient de plus en plus difficile de continuer à travailler. Néanmoins l’on est encore capable d’accomplir les tâches indispensables quotidiennes.

Dépression légère  

Fatigue et désintérêt pour entreprendre des choses nouvelles, tendance à s’isoler et à s’intéresser beaucoup moins à ce qui touche ses proches et le monde extérieur social. Découragement, baisse de moral en un mot déprime. On se plaint d’être débordé.

Les formes légères de dépression peuvent être qualifiées de déprime. Dans certains moments difficiles de l’existence comme une rupture sentimentale, la perte d’un proche ou le chômage des réactions transitoires de déprime sont tout à fait normales et peuvent être qualifiées d’accident de parcours, même si elles nécessitent éventuellement un accompagnement de soutien psychologique par un professionnel. Le problème avec la dépression c’est que plus l’on est gravement atteint moins l’on trouve la force de demander de l’aide. Il vaut donc mieux prévenir que guérir. Comme disait Voltaire : « J’ai décidé d’être heureux c’est bon pour la santé ».

P.S. les dépressions masquées : ( cf Henri Rubinstein, La dépression masquée éd. Lattès 1999 )
Dans lesquelles tout un arsenal de malaises physiques cache un trouble psychique profond. Le tableau des troubles de la santé vient masquer une souffrance psychique profonde. 

Les causes de la Dépression  

La dépression est-elle une maladie ? Pour expliquer les dépressions ( surtout les dépressions sévères ) on met en avant certaines perturbations biologiques ( généralement des perturbations de la transmission de l’influx nerveux c.a.d. des neurotransmetteurs, sérotonine, noradrénaline, dopamine ) sans pour autant pouvoir établir si ces anomalies sont la cause directe de la dépression ou si elles n’en sont que la conséquence. 

Il existe des dépressions dans lesquelles les symptômes dépressifs sont causés par une maladie grave comme les maladies endocriniennes, la maladie d’Alzheimer chez les personnes âgées, ou certains cancers. Un bilan médical permettra permettra de rechercher les causes pouvant être à l’origine du trouble dépressif.

Notons aussi que dés le 19° siècle on a remarqué l’incidence familiale des troubles maniacodépressifs, aujourd’hui appelés troubles bipolaires.
Mais si l’on peut parler de facteurs génétiques, de fragilité et de prédisposition, doit-on pour autant sous estimer l’histoire personnelle ? 

La dépression peut être le résultat d’une histoire complexe où se mêlent les déterminants biologiques, personnels et sociaux ( déterminants sociaux : conditions de vie, milieu de travail stressant etc … ). Son déterminisme peut donc être multifactoriel.

P.S. : Interactions psychosomatiques  

Nos émotions, nos humeurs peuvent être affectés par des modifications biochimiques et réciproquement nos modes de pensée et notre comportement vont influencer la fabrication des substances secrétées par notre organisme, et en particulier par notre cerveau. Comme disait Voltaire : « J’ai décidé d’être heureux c’est bon pour la santé ».

Les traitements  

Dans les cas graves de dépression sévère qui comportent un risque de suicide, l’hospitalisation sera nécessaire ( dans le cadre de la loi du 27 juin 1990 )

Biologique  

En cas de dépression sévère ou moyenne le recours aux antidépresseurs prescrits par un médecin peut s’avérer nécessaire. Cependant on peut remarquer qu’il existe une surconsommation excessive par des personnes qui ne sont pas vraiment atteintes de dépression au sens clinique, mais dont le stress est tel qu’elles en viennent à ne plus supporter les difficultés inhérentes à l’existence. 

Une enquête menée par le CREDES en 1997 a révélé que les français consomment deux à quatre fois plus d’antidépresseurs que certains de leurs voisins européens. 
Par ailleurs tous les patients ne métabolisent pas ces produits de la même façon. Les résultats ne sont donc pas assurés. De plus les médecins reconnaissent que des effets secondaires plus ou moins graves ( impuissance, agitation, tremblements, somnolence, étourdissements, hypertonicité, modification de la tension artérielle etc.. ) peuvent être observés. Aussi le suivi médical devra être particulièrement vigilant. Mais la prise en charge ne pourra jamais se limiter à la seule prescription médicamenteuse. 

Psychologique : Pour les dépressions d’intensité moyenne et pour les déprimes consécutives aux chocs de l’existence, un suivi psychologique par accompagnement et soutien, associé ou non à une psychothérapie en profondeur sera bénéfique. 

Dans les cas graves de dépression sévère qui comportent un risque de suicide, l’hospitalisation sera nécessaire ( dans le cadre de la loi du 27 juin 1990 )

Social : Importance du soutien social 

Le déprimé a besoin d’être soutenu dans ce passage difficile qu’il traverse, et surtout, si on veut lui éviter les rechutes, de retrouver une place dans la société qui donne plus de sens à sa vie. L’isolement social et affectif peut être porteur de dépression.

Rappelons enfin qu’une dépression peut être provoquée par des éléments d’ordre biologique, psychologique ou social. Et cela en proportion différente selon la personne. Chacun est un cas unique. Aussi ne faut-il pas réduire a priori le traitement à l’une ou l’autre de ces thérapeutiques. 

Le traitement psychologique de la dépression

Tout état dépressif est un appel au secours, il y a une petite voix intérieure qui appelle au renouveau et au changement. Prendre une autre route. Faire de nouveaux choix. 
Nous sommes fatigués, las, surmenés, épuisés parce que nous sommes malmenés par nos conditions de vie, mais aussi parce que nous sommes restés trop longtemps sourds à nos besoins vitaux.
Nos frustrations conscientes et plus encore inconscientes accumulées engendrent de graves risques pour notre santé.
Généralement le déprimé est quelqu’un qui a trop longtemps été sourd et aveugle à ses besoins profonds. Il lui faut s’écouter plus. Recréer l’intimité avec soi-même.
Le déprimé a essayé de se cacher son malaise en s’accrochant longtemps à ses dépendances ( conduites addictives par rapport au sexe à l’alcool à la nourriture, ou au travail excessif-ce qu’on qualifie de « workalcoholisme »)

Trop c’est trop. 

Nous avons besoins de nous sentir reconnus, acceptés, intégrés dans un milieu qui nous soutient et où nous pouvons manifester nos talents et compétences.
Nous avons besoin d’aimer et d’être aimés. Un sourire peut modifier notre humeur.

Nous avons besoin de sens. ( au-delà du métro boulot dodo )
La déprime est déjà un signal d’alarme à ne pas négliger. 

Si par manque de confiance en soi, et par inconscience de nos vrais besoins, on s’est installé dans une situation qui ne nous convient vraiment pas, on a préparé le terrain à la déprime et à la dépression. Le traitement psychologique sera un réveil : Vivre vraiment sa vie. Prendre soin de soi. 

Lorsque la dépression est sévère, il s’agira de voir de l’autre côté du mur des défenses, de reconnaître que cela va mal que l’on étouffe dans cette vie-là, que l’on souffre. Pour certains il faudra cesser de faire comme si tout allait bien….Pour d’autres réveiller la flamme de l’espoir.
Découvrir que des relations sont toxiques, et comment s’en libérer. 
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.Arrêter la soumission du mort-vivant. 

Combattre les maltraitances du harcèlement moral. 

Se séparer et dire adieu à ceux qui nous font violence. 

Éviter de fréquenter ceux qui nous donnent le goût du malheur.

Avec le soutien de la thérapie on se donne enfin le droit à la révolte. 

A l’expression du ras le bol. A la colère. 

Soumission = dépression. En sortir ! 

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Avec le soutien de la thérapie on comprendra mieux ce qui se passe. On ouvrira la porte à ses propres ressources, on découvrira les outils du changement. 

Le thérapeute ( quelques soient les méthodes dont il se réclame : Gestalt, P.N.L. Analyse transactionnelle etc... ) est quelqu’un qui est capable d’apporter ses connaissances et son soutien. De vous accompagner vers la sortie du tunnel.

La guérison ce sera de se retrouver plus vivant, plus libre. Retrouver l’enfant intérieur avide de croquer la vie à pleines dents. Retrouver le goût du bonheur. Vivre au présent.

Par Claude-Marc Aubry, Psychologue
Paris, France.
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