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La psychanalyse:
Une certaine conception de l’être humain

Par Saverio Tomasella, Psychanalyste |  Voir ma page Psycho-Ressources  |

La psychanalyse est expérience vivante entre une personne qui écoute, l’analyste (qui a lui-même réalisé pour et sur soi-même une ou plusieurs psychanalyses très approfondies) et une personne qui parle, l’analysant.

De leurs expériences cliniques, certains psychanalystes ont tiré un ensemble de considérations générales sur l’âme humaine et sur l’être humain, c’est ce que l’on appelle la théorie psychanalytique. Ses principaux élaborateurs sont, entre autres, Freud, Ferenczi, Lacan, Dolto, Winnicott, Balint, Khan, Searles  
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Voici, proposée brièvement, la conception de l’être humain qui sous-tend toute démarche psychanalytique.

La nature humaine est multiple et mouvante

L’être parfait n’existe pas ; l’humain est fondamentalement imparfait, parce qu’en devenir. Nous oscillons tous, en permanence, entre amour et haine, euphorie et déprime, enthousiasme et indifférence, sympathie et antipathie, attirance et répulsion, positif et négatif, bon et mauvais, etc.

Pour illustrer ce qu’est l’humain, Winnicott dit justement : « l’eau est boueuse, mais ce n’est pas de la boue ».

L’être humain est à la fois homme et femme

Ainsi que le décrit la Genèse (« Dieu créa l’être humain à son image, homme et femme il le créa »), Freud a posé comme un fait constitutif de l’être humain ce que l’on appelle la bisexualité psychique. Cette expression renvoie à la présence en chacun de nous, quelle que soit sa nature physique unisexuée, d’éléments de féminité, regroupés sous le terme de féminin et d’élément de masculinité, regroupés sous le terme de masculin.

L’une des visées d’une cure psychanalytique est la réalisation d’un équilibre, d’une harmonie intérieure entre ces deux aspects complémentaires de notre personnalité. Cet équilibre peut évidemment exister parfois de façon naturelle chez certains êtres.

Le désir est la marque de l’être humain

Toute psychanalyse vise à libérer en chacun son désir le plus profond, ses désirs vrais, qui à la différence des besoins dont la satisfaction ne peut pas être différée longtemps (boire, manger, dormir …), s’inscrivent dans un cycle long qui fait intervenir la rencontre et l’échange avec l’autre, avec les autres.

Ainsi, le désir est moteur de lien social, mais aussi et surtout de créativité, car le désir est infini, nous dépasse et nous pousse toujours plus loin dans notre humanité, dans notre qualité d’être.

Les interdits fondateurs de l’éthique humaine

Si l’on croit, à la suite de Françoise Dolto, que le désir premier et primordial de l’être humain est le désir d’évolution, on peut avancer que :

  • tout ce qui nie ce désir est inhumain,

  • tout ce qui retourne ce désir est pervers,

  • tout ce qui contrarie ce désir est pathogène.

La psychanalyse aide à sortir des impasses liées au non respect de ce désir de vie.

Par conséquent, pour la psychanalyse, l’éthique humaine repose sur quatre principes qui découlent de ce respect de la vie:

1. l’interdit de l’inceste (et de l’abus sexuel sur l’enfant, ou sur le patient)
2. l’interdit de meurtre (tant physique que psychique, torture, harcèlement...)
    qui sont les interdits majeurs de toute civilisation ;

3. l’exigence de non possession (emprise, manipulation, utilisation de l’autre …)
4. l’exigence de non mutilation (physique et morale)
    qui signent le degré d’évolution d’une société.

L’être humain est posé comme un être libre de son existence, responsable de ce qui fait la vie et l’humanité en lui-même et en chacun de ceux qui l’entourent, quels que soient leur race, leur religion, leur philosophie, leurs choix de vie…

Saverio Tomasella
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