Phobie scolaire et refus anxieux de l’école

image-phobie-scolairePhobie scolaire et refus anxieux de l’école: je veux aller à l’école mais je ne peux pas y aller! Article 2

Les sujets abondent sur le stress de la rentrée et du parcours scolaire mais on parle encore assez peu de la phobie scolaire, bien moins cernée et peu médiatisée, parfois complexe à détecter et pour laquelle existent des solutions, mais étant souvent confondue avec un absentéisme marqué cette phobie est un souci pour ces enfants et leurs familles faute d’information.

Bien que cette dénomination soit peu consensuelle et peu explorée, elle ne me semble pas obéir à un effet de mode inflationniste sur les appellations, car les consultations augmentent bien que peu de données épidémiologiques cernent sa prévalence, raison pour laquelle j’ai complété et actualisé mon article précédent.
Beaucoup d’enfants peuvent avoir occasionnellement, et en particulier à la rentrée scolaire, au retour de vacances une certaine anxiété, peur d’aller à l’école qui passée les premiers jours et une période d’adaptation disparaît sans qu’il y ait lieu de s’en alarmer.

Les adultes « stressent » aussi au retour des vacances à la reprise du travail !

Certains enfants pourtant n’y arrivent pas et ne peuvent plus surmonter ce stress adaptatif dans cette première phase.

L’angoisse peut devenir intense avec une phobie de l’école se manifestant pouvant devenir difficile à endiguer, car « apparaissant » au départ comme résistante à la « douceur », l’argumentation des parents, leurs injonctions parfois vives ou colériques, les subterfuges organisationnels, les récompenses… et devenir problématique.

On évoque alors la phobie scolaire ou le refus scolaire anxieux, bien que ces deux termes recoupent des sources assez différentes.

Les aspects détaillés ici ne sont pas seulement descriptifs, ils sont indispensables à détecter car une phobie scolaire peut très bien apparaitre sans raison évidente, même chez un enfant épanoui et bien investi dans sa scolarité et ses activités sociales.

Ce n’est ni un caprice, ni même un refus d’aller mais assez souvent une impossibilité à aller à l’école qui est ressentie par l’enfant :c’est une phobie scolaire
Au moment d’aller à l’école, l’enfant manifeste une peur panique, paralysante, symptôme d’une souffrance psychologique majeure.

L’enfant « dit » alors souvent avec une difficulté à le verbaliser :  « je ne refuse pas d’aller à l’école, je n’y arrive pas ».

Les signes d’alerte ?

Ces enfants « malades de l’école » cumulent souvent plusieurs sources d’anxiété dont les signes varient, fluctuent (maux de ventre, nausées, vomissements, dyspnée, insomnies, etc.), se traduisant dans les supplications pour ne pas y aller ou les promesses de s’y rendre plus tard mais avec une anxiété marquée toujours présente.

Le médecin vérifie et élimine toute cause somatique, le phénomène se répète, les parents et l’enfant s’épuisent, la vie scolaire reçoit une multitude de « mots » dont les motifs sont peu clairs et entraînent une suspicion.

La situation est vite bloquante.

Parfois, l’enfant ou l’adolescent se lève le matin, se prépare pour l’école, prend son cartable, part de chez lui, mais arrivé devant la porte de l’établissement, panique, s’angoisse et ne peut se résoudre à y entrer, et même rebrousser chemin ce qui pour un ado ne signifie pas obligatoirement rentrer directement au domicile, avec les aléas que cela peut engendrer !
Au collège, l’élève peut commencer par « sécher » un cours : le sport parce qu’on se moque de lui, fatigant ou ne l’intéressant pas, un cours considéré comme « inutile » ou rébarbatif, les maths car trop complexes, un contrôle prévu mais non préparé etc…, chacun constituant au départ un simple accro, mais ces incidents s’accumulent en spirale « inflationniste » pouvant s’étendre à tous les cours, « sécher » même ceux pour qui l’enfant s’investissait volontiers au départ avec toujours en toile de fond une anxiété forte, pouvant s’accompagner selon les cas, d’un début de symptomatologie dépressive ou d’autres phobies se déclinant.

Cette situation peut aboutir à une rupture scolaire qui se heurte aux supplications ou menaces des parents, un repli social de l’enfant sur lui-même et sa culpabilité accrue car il sort du « système » en sentiment d’insécurité et parfois d’incompréhension de son entourage parental, amical et des enseignants qui évoqueront plus volontiers l’absentéisme et la rupture scolaire qu’une phobie scolaire pour laquelle ils ont peu d’informations.

Il est donc difficile mais impératif pour les adultes entourant l’enfant en phobie scolaire d’arriver à bien distinguer le « je ne veux pas » du « je ne peux pas ».

Cela l’est d’autant plus que l’enfant, en dehors des jours d’école, peut être joyeux et se comporter de façon très habituelle.

Grande alors est la tentation de conclure que l’école, l’orientation, les enseignants, la cantine ou un manque de « motivation » de l’enfant en soient l’origine ; ce qui brouille considérablement le canal de communication parents/enseignants aussi bien que parents/enfants.

La « nuance » n’est certes pas simple, mais d’importance car lorsque après plusieurs semaines et/ ou suite à un évènement familial anxiogène (la réaction elle-même, parfois vive des parents pouvant être un multiplicateur du trouble), les manifestations persistent et dès que les enseignants confirment un décrochage scolaire et confirment l’absentéisme récurrent, il est grand temps de s’en préoccuper.

Les facteurs environnants de cette phobie :

Les « causes » sont souvent multiples ou tout au moins cernées comme telles, et il est difficile parfois de tracer la frontière entre les causes profondes et mécanismes psychiques originels et les facteurs « favorisant » ou « amplificateurs » liés à l’école devenant le « théâtre » d’expression de ce trouble.

En soi, l’anxiété adaptative liée à l’école est donc une manifestation normale face à une situation nouvelle générant une adaptation.

Mais cette anxiété, (JP Boulenger) « devient pathologique lorsqu’elle est trop intense, inadaptée, hors de proportion avec ses causes et/ou entraine un handicap du fait de ses conséquences ».

Dans la phobie scolaire, l’anxiété est effectivement devenue pathologique.

Il est alors devenu impossible à l’enfant d’aller à l’école. Ce qui ne signifie pas pour autant qu’il n’aimerait pas y aller !

Cette phobie scolaire, bien que l’on dispose de peu de données épidémiologiques spécifiques (l’Education Nationale ne répertoriant que l’absentéisme), ne toucherait qu’entre 3 à 5% des enfants( ce chiffre étant amputé des données cliniques peu répertoriées !), le problème est cependant bien réel et sérieux mais ne peut se limiter qu’aux éléments que je vais invoquer et qui n’affectent pas aussi fortement bien heureusement, tous les enfants !

Il n’y a donc pas ici de « fatalisme » implacable, mais souvent des histoires de vie différentes, des causalités multifactorielles et des terrains psychiques plus sensibles.

Il s’agit bien d’une phobie et non d’un trouble idiopathique marginal.

Cerner avec rigueur la phobie scolaire et la traiter s’accompagne du risque classique des réactions des parents et de l’enfant face à un étiquetage où il s’enfermera et se conformera par réponse comportementale automatique aux symptômes attendus, allant de la souffrance aux bénéfices secondaires induits, tout le nucléus familial pouvant alors dysfonctionner ou s’adapter.

Les contraintes scolaires

Les exigences que l’école impose peuvent déclencher et favoriser cette anxiété.

Comme l’indique Pascal Thouillot, pédopsychiatre, ces exigences scolaires nécessitent de la part de l’enfant d’avoir acquis certaines compétences et d’avoir dépassé certains caps.

Cette exigence affective et émotionnelle demande à l’enfant d’intégrer le rythme, de supporter la discipline et d’accepter l’éventuel échec dans un système scolaire et sociétal où la performance et la réussite sont présentées comme à la fois condition sine qua non de la future réussite de la vie adulte future et l’échec comme l’exclusion.

La précarisation économique et sociale des parents accentue cette pression sur l’enfant, qui vit in vivo la « démonstration » du risque prédit.

La réussite sociale des parents exerce en sens inverse une pression identique, un degré additionnel de compétitivité est alors ajouté.

Quelques soient les tentatives de réformer et d’aplanir les angles, le modèle éducatif fait partie intégrante d’un système global de société qui semble contraindre par son organisation, la scolarisation à fonctionner avec une certaine obligation de réussite afin que l’ensemble reste cohérent avec lui-même.

Cette contrainte de maintenir une homéostasie systémique sociétale du système scolaire, laisse peu de marge de manœuvre aux intervenants et peu de place à ces enfants phobiques.

La multiplicité et variabilité des réformes scolaires ne laissent pas le temps ni aux enseignants ni aux intervenants de se former à une attention préventive à cette phobie peu connue, marginalisée alors que si ce handicap est réel, il existe des solutions de sortie !

Il n’est pas lieu ici de trancher ce débat immense, mais simplement d’admettre qu’un enfant en fragilité même circonstancielle supportera mal ces impératifs.

En sens inverse, un enfant en réaction même marquée à quelques mauvaises notes, un enseignant « qui ne l’aime pas », le menu « nul » de la cantine, plusieurs absences réactionnelles ne sont pas suffisants pour le cataloguer hâtivement phobique ! Plusieurs réalités dont la phobie pouvant « cohabiter » !

Les contraintes cognitives :

Elles nécessitent d’avoir des compétences intellectuelles suffisantes, sans qu’au fil des débats sur l’éducation, on ne sache plus très bien de quelles compétences parle-t-on, ni de la pertinence de leurs mesures et indicateurs…

Les différents troubles des apprentissages (les fameux « dys » très médiatisés depuis quelques années :dyslexie, dysorthographie, dyspraxie, dysgraphie, trouble de l’attention…) sont bien sûr des handicaps qui ne doivent être négligés, sachant que ni ce étiquetage ni son étiologie ne sont consensuelles ; la réponse thérapeutique ne peut donc être unique sur un spectre aussi large .

Dans le cadre de ces troubles des apprentissages, il s’agit de bien différencier le trouble en lui-même, son impact scolaire et son impact psychique, ainsi que leurs zones d’intersection et de dépassement.

La notion de « volonté de l’enfant », bonne ou mauvaise est souvent invoquée bien malencontreusement.

Ces enfants sont régulièrement ainsi victimes et rendues responsables de leur problème, ce qui d’une part est stigmatisant et ne sert à rien mais de plus, ce point est loin d’être neutre, l’injustice et la culpabilité ne font que renforcer la mésestime et le manque de confiance, l’angoisse et le découragement.

Les normes sociales et relationnelles :

Il est demandé à l’enfant de s’adapter à un environnement aux exigences parfois contradictoires, car il doit bien sûr pour s’épanouir se socialiser et relationner avec les autres enfants mais aussi accepter la compétition avec eux, gérer une relation avec l’enseignant qui reste une figure d’autorité et celles avec ses parents de retour à la maison.

Le rapport enfant/ enseignant ne peut être binaire, mais là encore les issues des débats sociétaux aboutissent au mieux à des consensus mous, où il ne subsisterait que deux options restreintes, la relation douce et lénifiante ou l’autoritarisme et la sélectivité.

La relation de dépendance ou d’hyper-dépendance avec l’un des parents, le processus d’identification au parent de même sexe peuvent compliquer la donne.

On parle bien rapidement d’enfants « différents » car ils (comme tous les autres) évoluent bien sûr à des rythmes individuels, leurs capacités adaptatives sont aussi distinctes, ainsi le seront leurs réactions et éventuelles manifestations anxieuses.

Nul besoin ici de citer le DSM ou CIM 10, pour comprendre que l’anxiété chez l’enfant comme chez l’adulte est transnosographique !

Citons parmi d’autres, les désignations courantes actuelles usitées sans consensus clair.

« Enfant intellectuellement Précoce »

Je n’évoque cette notion qui ne fait pas consensus, loin s’en faut mais au même titre que l’hyperactivité très à la mode est invoquée au moindre signe de « turbulence », l’E.I.P est revendiqué souvent abusivement.

Cet enfant serait surpris de savoir qu’adulte, il pourrait devenir un « zèbre » (désignation amicale pour les AHP)

L’enfant EIP (Enfant intellectuellement Précoce) serait en décalage par rapport à l’ensemble des enfants de sa classe.

Cet enfant « précoce » n’est pas forcément en avance de niveau, il aime le plus souvent comprendre plutôt qu’apprendre, il cherche le sens plus que l’accumulation de savoir.

Il est parfois émotif et sensible, s’ennuie rapidement car la majeure partie du temps scolaire étant destinée à « stocker », cette différence de fonctionnement et non de niveau ne se résoudra pas obligatoirement de façon satisfaisante avec un saut de classe qui le laissera dans sa « différence » et l’anxiété d’un écart d’âge accru avec ses camarades car sa maturité psychique ne suit pas celle de la « précocité » de sa cognition.

Son risque de désintérêt et de décrochage augmentent et la phobie scolaire peut être pour lui une « issue », comme une phobie est un bouclier et une parade protectrice.

Harcèlement « ordinaire » : ni délictuel ni moral

Je ne parle pas ici de racket, de pratiques délinquantes ou de comportements pervers, harcèlement moral ou physique mais de l’étiquette qui attribuée à un élève par une simple phrase blessante et répétitive peut devenir stigmate et avec l’essor des réseaux sociaux, cette blessure suit l’enfant à l’extérieur du périmètre scolaire, jusqu’à l’intimité de sa chambre le soir.

La scolarisation contraint l’enfant et parfois l’habitue aux confrontations et rivalités.

La cour de récréation, le foyer, le sport, la cantine sont des lieux d’échanges à la fois amicaux et conflictuels.

Les parents encouragent ou désapprouvent ce rapport de force sensé préfigurer le rapport social adulte, ce qui est un non-sens car chaque âge a ses règles et codes de sociabilité et d’affrontements.

La conformité vestimentaire et de vocabulaire marquent les règles sociales d’appartenance au groupe, son originalité ou son isolement. Mais les moqueries sont fréquentes et impactent et d’autant plus sur un enfant vivant une période de souffrance.

La joie est présente mais certains « souffre-douleurs » n’ont pour que seules issues, se soumettre ou se replier.

L’effet de groupe, on ne parle pas de « meute », crée des coalitions qui désignent parfois une ou plusieurs « victimes « expiatoires.

Il est à noter que pour le phobique scolaire, il peut se victimiser « volontairement » et la phobie-refuge devient l’échappatoire.

Si certains y voient un entraînement, une habituation issue de nos schémas archaïques favorisant la résistance aux conditions futures parfois difficiles, de la vie d’adulte et une résilience suffisante; ce schéma ne fonctionne évidemment pas pour un enfant en situation fragile.L’environnement scolaire (en raison du nombre d’élèves par classe) n’est plus « secure » , les tuteurs implicites (de résilience) ne sont pas identifiés et le milieu familial désarçonné par la situation.

Dans ce cas qui n’est pas une généralité, l’école peut devenir alors un lieu de souffrance ; la phobie s’alimente d’une source réelle et s’enkyste.

L’enfant en difficulté, peut ainsi très bien avoir une appétence normale pour les matières enseignées et les activités ludiques, il « aimerait bien continuer » mais « ne peut plus aller à l’école »

Verbalisation de l’enfant et déplacement de la « cible »

Cette phobie n’est pas facile à déceler, car l’enfant aura souvent des difficultés à la verbaliser et déplacera volontiers la thématique sur un enseignant, un surveillant un peu autoritaire, sur la fatigue ou autre symptomatologie même invalidée par la médecine générale.

Ce déplacement vers un prof réputé sévère et corroboré par les amis du phobique, voile l’analyse !

Ce théâtre scolaire est l’occasion de faire apparaître le trouble et favoriser une conduite contra phobique qui servira de barrière à un retour à l’école.

L’établissement scolaire et ses protagonistes deviennent ainsi la place de choix pour loger cette anxiété que l’enfant subit, tant bien même que sa cause soit extérieure.

Conséquences possibles

La vigilance est de règle car certaines conséquences sont lourdes à gérer, en tout premier lieu la souffrance de l’enfant, et le parcours difficile des parents pour y remédier.

La première manifestation possible est la déscolarisation progressive de partielle à totale devant l’impossibilité d’aller à l’école.

Un risque d’isolement social s’ensuit car si certains camarades visitent ou contactent encore l’enfant, ce dernier est pris au piège de sa culpabilité de plus y retourner sans en pouvoir expliquer clairement les raisons car ne pas aller à l’école n’est pas une situation habituelle et va mettre mal à l’aise le jeune phobique.

Le réseau virtuel smartphone et FB, encourage les soutiens ou l’inquisition des contacts dont les posts appellent une réponse de l’enfant, le mettant en obligation de réagir, démentir, confirmer, prendre parti ; bref s’immerger davantage dans sa bulle phobique.

Pris au piège de sa phobie, comment verbaliser une angoisse ancienne récente ou en faisceaux ?

Il convient de surveiller, sans que cela soit prédestiné dans le schéma phobique, un risque de stress important pouvant évoluer vers des épisodes anxio-dépressifs ou l’apparition d’autres phobies.

On évoque parfois un risque de conduites addictives accru, mais peu d’études claires confirment qu’il soit plus ou moins important que celui d’autres situations où l’anxiété majeure est souvent le leitmotiv qui apparait et des circonstances favorisantes.

Dans tous les cas un œil attentif doit être apporté aux comorbidités et si le trouble persiste et résiste à la thérapie, la recherche d’un noyau pathogène dans la genèse peut être nécessaire.

La phobie comme bouclier contre l’angoisse

C’est donc d’une peur, d’une crainte peu contrôlable et provoquant une réaction d’angoisse intense.

Cette peur apparaît elle-même chez tout sujet comme déraisonnable ou sans justifications, et surtout échappant au contrôle de sa volonté et de la raison, même s’il est critique de son irrationalité.

Les phobies dites « archaïques »de la petite enfance (peur du noir, des monstres,…) sont généralement transitoires même si elles se manifestent brutalement et intensément et l’angoisse s’amenuise avec l’âge, dans un déroulement « classique » où l’enfant acquiert une plus grande dépendance vis-à-vis des parents, s’autonomise et les mécanismes psychiques s’élaborent sans incident.

La mobilisation massive des défenses et une angoisse importante, peuvent basculer vers la phobie.

En passant de l’interne à l’externe ; la peur, la crainte est ainsi projetée et semble obéir à la perception, en ce sens tout cela est bien réel même si la raison est soit incompréhensible soit imaginée.

C’est en percevant, regardant, touchant, imaginant l’objet de la crainte que l’angoisse se manifeste.

Cette peur devant le danger ressenti, malgré la raison, comme réaliste induit comme n’importe quelle menace, des réactions, dont une est la fuite, qui dans le cas de la phobie est un évitement, se dérober (conduites contra phobiques)

Le terme « bouclier » couvre ici ainsi une double réalité :le risque psychique est certes moindre car la fracture psychique aurait pu être intense mais la vie courante de tous les jours n’est pas facilitée par un champs d’actions qui devient limité !

Les conduites d’évitements sont les chemins de traverse ; l’école « buissonnière » de l’enfant phobique scolaire

Mais c’est bien là, comme pour la phobie scolaire, que chez l’enfant on ne peut parler (dans ce cas précis) de caprice, ou d’un manque d’envie mais plutôt d’une absence de choix, une obligation d’éviter les situations et lieux générant une angoisse intense.

Certains aspects familiaux et individuels ne sont pas à négliger :

-on retrouve souvent l’angoisse de séparation de la mère, qui est parfaitement normal dans les premiers pas scolaires de l’enfant.
– la présence d’une angoisse chronique chez un parent, qui a besoin de la compagnie de l’enfant ; l’enfant ne peut et ne doit étayer l’adulte et investir sa scolarité en même temps
– la peur injustifiée du parent surprotégeant l’enfant de tout danger, parfois exagérément
– l’enfant lui-même désirant rester auprès du parent pour le protéger d’une menace fantasmatique ou réelle ( conflit conjugal, violence domestique..)
– la crainte d’être oublié, abandonné, ne plus être aimé s’il s’éloigne…
-de même une autre forme de séparation, comme un deuil d’un proche de l’enfant, une hospitalisation, la rupture conjugale, un déménagement peut réactiver ou activer cette angoisse.
-La phobie comme part d’un trouble anxieux généralisé ne doit pas être ignorée et la recherche d’un trauma primaire ou secondaire explorée.
-les comorbidités addictives parfois précoces chez le jeune ado, doivent être explorées en particulier dans les périodes d’absences.
-Il est particulièrement important ; dans les entretiens de consultations, d’explorer selon l’âge, l’impact considérable chez les jeunes ados des « ruptures » amoureuses ou de remise en cause de leur image dans le groupe d’élèves

Que faire pour les parents ? S’adresser à un professionnel : commentè

Des solutions existent au niveau thérapeutique, il ne faut pas cependant céder à la précipitation et respecter si possible quelques étapes :

-Selon l’âge, la plupart du temps, les absences sont signalées par l’établissement.
-Selon la fréquence, la durée et avant de parler de décrochage, s’entretenir avec le corps enseignant sans attendre
-Ne pas nier ces absences réelles, les justifier trop hâtivement ou accabler l’enfant même si ses explications seront toujours floues.
-Vérifier que l’enfant si l’absence a duré plusieurs heures, a regagné le domicile familial ou averti les parents (une fugue scolaire même phobique n’est jamais anodine)
-Si le dialogue s’enlise avec le(s) enseignants, ne pas se braquer et s’entretenir avec le principal ou le proviseur et/ou le Psy Scolaire ou CPE.
-L’autorité, la menace de sanctions, la promesse de récompenses sont inopérantes chez le jeune phobique car il sait ce qu’il ressent mais ne peut l’expliquer.
-Assez rapidement une amorce de décrochage scolaire s’annonce, un autre motif (niveau, discipline, autres..) peut être invoqué par les enseignants.
-Ne pas fermer la porte au dialogue mais ne pas céder à des impulsions brutales de changement immédiat d’établissement, opération toujours compliquée et parfois inutile ou de déscolariser totalement l’enfant en l’inscrivant trop rapidement à des cours par correspondance.
-Ne pas personnaliser à outrance la question sur un prof en particulier, tous les enfants ont des affinités ou des craintes discriminées avec les différents intervenants. Eux aussi sans doute !
-Consulter rapidement le médecin généraliste et insister pour avoir les coordonnées d’un psy ou pédopsy (délai d’attente assez long en institutionnel) -Il est très rare que chez l’enfant, jusqu’à 17 ans, sauf cas exceptionnel une prescription médicamenteuse soit envisagée.
-Expliquer cette démarche à l’enfant en le rassurant.
-Se renseigner auprès de certaines associations spécialisées sérieuses (voir fin d’article) pour la recherche d’informations mais la consultation d’un professionnel s’impose.
-Ne pas se surinformer et stresser en multipliant les recherches tout azimut sur le net, c’est anxiogène et risque de vous entraîner à « diagnostiquer » vous-même l’enfant, la plupart du temps à tort.
-Dès le démarrage des consultations, avertir l’établissement brièvement, le psy/pédopsy a besoin de temps. Pendant cet intervalle, selon la configuration et les plages d’absence, votre médecin peut établir un certificat médical sans précision de pathologie(cela est contraire aux normes mais certains établissements exercent parfois une pression non justifiée à ce sujet, une simple lettre des parents suffit)
-Le(a) Psy vous guidera(mais vous n’assisterez pas aux consultations) par contre l’organisation administrative et la suite vous incombent.
-Encouragez et favorisez les contacts et liens avec les amis de l’enfant, il a quitté provisoirement l’établissement pas ses copains !

Il convient ainsi, sauf incident ou mésentente flagrante, de ne pas disqualifier précipitamment l’école ni le corps enseignant sans discrimination, car leur support est indispensable et la thérapie peut très bien s’accompagner, avec succès, d’une aide extérieure à domicile pour certaines matières, et d’une reprise douce et phasée de réintégration à l’école, favoriser les contacts sociaux de l’enfant dans des activités sportives ou ludiques.

Trouver en d’autres mots une zone tampon où l’enfant n’est pas entièrement déscolarisé et privé de contacts. « Perdre » une année n’est ni inéluctable ni rédhibitoire, si elle peut éviter une dérive vers un panorama anxieux installé pouvant devenir récidiviste plus tard et évoluer.

Quelques références :

-Marie France Le Heuzey (auteur de Phobie scolaire : Comment aider les enfants et adolescents en mal d’école ) , Praticien hospitalier dans le service de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent à l’hôpital Robert Debré
-JP Boulenger « de l’anxiété normale aux troubles anxieux »
-Anne-Marie Rocco/Justine Touchard, « Le jour où je n’ai pas pu aller au collège », Editions Flammarion
-Jean-Michel Impératrice. www.jmimperatrice.fr
-Jean-Michel Impératrice. Psychothérapie Intégrative. tomes 1 et 2 .Ed.VIE
-Site de l’association PHOBIE SCOLAIRE Accueil : http://www.phobiescolaire.org/
-Site association Afpssu : http://www.afpssu.com/lassociation/

Jean-Michel Impératrice
Psychothérapeute, Psychanalyste intégratif
Membre de Psycho-Ressources
https://www.psycho-ressources.com/psychotherapeute/bordeaux/jean-michel-imperatrice.html


Ce contenu a été publié dans Actualités de la Psychologie, Articles Thématiques, Problématiques Variées, avec comme mot(s)-clé(s) , , , , , , , , , , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Les commentaires sont fermés.