Accablées par les critères de beauté véhiculés dans les magazines et les médias, les jeunes filles sont de plus en plus confrontées à leur poids. Lorsque ces critères sont reliés à une minceur extrême, il leur est difficile de ne pas vouloir ressembler à ces images. Ces mannequins anorexiques, chanteuses modernes revêtant des habits griffés, faisant de l’argent facilement et dont le succès semble être immédiat donnent une fausse image de la réalité.
Cependant, les jeunes filles en quête de leur identité physique et psychologique peuvent se laisser atteindre par toutes ces illusions. Elles sont plus vulnérables et deviennent donc des cibles de choix. La mode n’est-elle pas faite pour les jeunes filles minces ? Dès qu’une adolescente assume un surplus de poids ne devient-elle pas la risée de son école ? La pression est énorme pour ces jeunes filles.
Que sont les troubles de l’alimentation ?
L’anorexie, la boulimie et l’hyperphagie boulimique sont des syndromes qui présentent de multiples symptômes caractérisés par des attitudes et des comportements mésadaptés face à la nourriture, le poids et l’image corporelle. Ils impliquent aussi des perturbations au niveau de l’image de soi, de l’humeur, du contrôle des impulsions et des relations interpersonnels.
Les troubles de l’alimentation coexistent souvent avec d’autres problèmes potentiellement graves comme la dépression, l’anxiété, l’abus d’alcool ou de drogue. Ils vont bien au-delà de la simple «diète hors de contrôle» et doivent être traités pour éviter des conséquences sérieuses aux niveaux physique, psychologique et social.
L’anorexie nerveuse
L’anorexie nerveuse est caractérisée par la poursuite acharnée de la minceur et une peur maladive des conséquences de s’alimenter, comme prendre du poids ou devenir obèse. Le résultat est une restriction alimentaire obstinée et parfois dangereuse.
La personne qui souffre d’anorexie nerveuse s’impose une perte de poids graduelle pouvant parfois mener à la maigreur extrême. Au cœur des comportements anorexiques, il y a une véritable phobie de prendre du poids, tellement intense qu’elle pousse la personne à éviter les situations ou les comportements qui pourraient amener une prise de poids: manger des aliments inconnus, manger sans faire d’exercice physique, etc. Par conséquent, la personne perd progressivement du poids.
La boulimie nerveuse
La boulimie nerveuse est caractérisée par la consommation excessive et parfois en énorme quantité de nourriture, accompagné d’un sentiment terrifiant de perte de contrôle. La personne qui souffre de boulimie compense ses excès en se faisant vomir, en utilisant des laxatifs, en faisant de l’exercice physique intense, en jeûnant ou par tout autres moyens.
Le fait de s’empiffrer peut provoquer un profond sentiment de honte, de l’anxiété ou de la dépression. Il peut aussi affecter l’estime de soi, le bien-être et la maîtrise de soi autour de la nourriture.
Contrairement aux anorexiques, les boulimiques ont un poids normal ou font de l’embonpoint. Mais comme les anorexiques, elles sont préoccupées par le poids et la forme de leur corps et ne peuvent s’empêcher de faire des régimes.
L’hyperphagie boulimique
L’hyperphagie boulimique est caractérisée par des épisodes d’orgie alimentaire. Mais contrairement à la boulimie, elle n’est pas accompagnée de geste compensatoire comme se faire vomir, faire de l’exercice ou jeûner. Pour cette raison, les gens qui en souffrent sont souvent obèses.
Les comportements associés à l’hyperphagie boulimique sont :
– manger plus vite que normal
– manger même quand l’estomac est plein
– manger même quand on n’a plus faim
– manger seul pour cacher aux autres la quantité de nourriture absorbée
– sentir de la détresse (remords, dégoût ou dépression) après avoir mangé
Les troubles de l’alimentation apparaissent généralement au cours de l’adolescence ou au début de l’âge adulte et sont plus communs chez les jeunes des sociétés industrialisées. Toutefois, les troubles de l’alimentation, particulièrement l’anorexie, sont présents dans toutes sortes de cultures, même celles où le culte de la minceur est absent.
L’anorexie et la boulimie affectent plus les filles et les femmes que les garçons et les hommes. Les hommes représentent environ 10% des personnes affectées. L’hyperphagie boulimique est mieux distribuée parmi les sexes et affecte 2 hommes pour 3 femmes environ. Elle touche les personnes plus âgées qui sont en moyenne dans la quarantaine.
Comme dans les autres pays industrialisés, le taux des troubles de l’alimentation chez les femmes et les filles québécoises âgées de 13 à 30 ans est d’environ 3% (30 000 personnes). Ce chiffre peut tripler si on ajoute les formes partielles de ces troubles, qui ont néanmoins un impact significatif sur ceux qui en souffrent.
Les experts s’entendent pour dire qu’il y a de plus en plus de personnes aux prises avec des troubles de l’alimentation. Si les statistiques permettent de dégager une incidence plus élevée chez les femmes occidentales d’âge scolaire, il est aussi vrai que nul n’est à l’abri des troubles de l’alimentation.
Les causes
Les recherches de Steiger et Bruce, celles de Treasure et celles de Striegler-Moore montrent que les troubles de l’alimentation sont causés par une combinaison de facteurs biologiques, psychologiques, sociaux et environnementaux.
Concrètement, les gènes affecteraient l’humeur, le contrôle des comportements, les mécanismes de récompense, le métabolisme et l’appétit.
Les facteurs environnementaux, comme un stress périnatal ou un événement traumatique durant l’enfance auraient aussi un impact. De même, l’état mental et nutritionnel de la personne ainsi que la pression sociale à faire des régimes joueraient un rôle.
Les facteurs biologiques. Ils incluent entre autres : l’hérédité, les antécédents familiaux de dépression, d’anxiété, de troubles de l’alimentation et les problèmes de poids.
Plusieurs recherches ont permis de démontrer le rôle des facteurs génétiques dans les troubles de l’alimentation. En effet, ils sont clairement transmis à l’intérieur d’une famille, c’est-à-dire que l’hérédité y joue un rôle. Or, ces données ne peuvent prouver que le trouble de l’alimentation est transmis automatiquement de mère en fille, mais permettent de dire qu’il peut y avoir transmission de traits de tempérament ou d’une vulnérabilité à d’autres perturbations qui augmenteraient le risque de développer un tel trouble.
Certaines anomalies au niveau des neurotransmetteurs régulant l’appétit et l’humeur, auraient une influence sur le développement des troubles alimentaires. Les chercheurs au Douglas réalisent actuellement des études de pointe sur la question.
Les facteurs sociaux. On a toujours véhiculé un modèle idéal de beauté, mais avec les années, ce modèle est devenu de plus en plus mince, voire maigre. Les médias contribuent à véhiculer plusieurs clichés et normes qui font pression sur les femmes et les poussent souvent à suivre des régimes draconiens néfastes pour leur santé.
Le culte de la minceur s’inscrit dans une stratégie de mise en marché de plusieurs billions de dollars. La femme doit paraître soumise : on valorise la femme-objet, fragile et dépendante. Bref, ces idéaux de minceur sont des outils marketing qui permettent de faire rouler une industrie prolifique.
Les pressions sociales sont davantage liées aux différentes formes de boulimie, plutôt qu’à l’anorexie. En effet, c’est un trouble qui semble avoir augmenté sensiblement au cours des dernières années et qui serait plus localisé dans les sociétés industrialisées. L’anorexie en revanche est présente partout, sur tous les continents et depuis très longtemps; on y associe donc moins les facteurs sociaux comme cause.
Les régimes. Les médias diffusent énormément de publicité quant aux fameux régimes miracles et autres diètes infaillibles. En fait, dans le cas des personnes dont les prédispositions génétiques sont favorables aux troubles de l’alimentation, les régimes agiront souvent en tant que déclencheur du trouble. Le premier geste à poser est sans doute d’arrêter les régimes.
Les régimes ont aussi un effet physique néfaste : un régime modéré de 3 semaines altère les fonctions cérébrales et réduit les substances qui contrôlent l’humeur, la pensée, et la satiété.
Les facteurs psychologiques. Les troubles de l’alimentation cohabitent souvent avec des troubles affectifs, des troubles anxieux et des troubles du contrôle des impulsions. Parfois, les troubles de l’alimentation coexistent aussi avec des problèmes de contrôle du comportement, de l’émotivité négative, de l’autocritique ou du perfectionnisme mésadapté.
En d’autres termes, les troubles de l’alimentation touchent toutes sortes de personnes. Ces différences laissent croire que les troubles de l’alimentation résultent de différentes expositions à des risques divers, et plus important encore, que les traitements doivent être individualisés.
Les conséquences
Les conséquences autant psychologiques que physiques sont nombreuses.
– Anxiété
– Impulsivité
– Repli sur soi
– Perturbation du sommeil
– Pensées obsessionnelles
– Changements émotionnels
– Problèmes de concentration
– Préoccupations alimentaires
– Humeur dépressive, irritabilité
– Capacités intellectuelles détériorée
– Problèmes menstruels
– Fatigue
– Perte de cheveux
Traitements
– Une hospitalization est nécessaire une fois sur deux
– Psychothérapie cognitive-comportementale
– Psychothérapie psychodynamique
– Psychothérapie familiale
Liens externes
Anorexie Nerveuse et Boulimie (ANEB Québec)
– http://www.anebquebec.com
National Eating Disorder Information Centre (en anglais)
– http://www.nedic.ca
Ginette Desfossés
Psychanalyste et Psychothérapeute, Saint-Hubert, Ca.
– https://www.psycho-ressources.com/psychanalyste/saint-hubert/ginette-desfosses.html
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