OMBRES ET LUMIÈRES SUR LA FIN DE LA VIE
Patrick Vinay - Médiaspaul - 978-2-89420—853-3 - 80 p. — 13,95 $
SOMMAIRE
La fin de vie est une période de l’existence humaine très mal comprise. Beaucoup confondent cessation de traitement et euthanasie, contrôle de la douleur et suicide assisté. La confusion règne au sujet de l’éthique des soins. Ces instants, souvent si riches malgré les larmes, apparaissent aux yeux d’un bon nombre de nos contemporains comme un ultime affront. Pourtant, ce peut être aussi l’heure de confirmer le sens de sa vie, de cueillir les fruits d’une vie partagée avec les siens. Ils peuvent devenir une ultime occasion de sceller ses attachements, une façon de quitter le monde en aidant les autres autour de soi à continuer de vivre. L’auteur propose à la réflexion des situations de vie réelles qui aident à mieux saisir certains enjeux reliés à la fin de la vie. Ces textes doivent beaucoup à de nombreux malades, certains partis dans la paix, d’autres dans la détresse.
L'AUTEUR
Clinicien de grande réputation, Patrick Vinay a été président du Fonds de la recherche en santé du Québec, chef du Département de médecine de
l’Hôpital Notre-Dame et doyen de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal. Depuis 2003, il se consacre à la médecine palliative à l’hôpital Notre-Dame du CHUM.
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EXTRAIT
Est-ce que la morphine tue ?
Plusieurs personnes pensent que la morphine ou la sédation administrée en fi n de vie abrègent la vie. Même certains médecins ayant peu d’expérience en soins palliatifs le croient. En fait, la morphine prolonge probablement la vie des malades qui souffrent : ce n’est pas le confort qui tue, c’est l’enfer de la douleur et son cortège de complications. Il existe des preuves scientifiques de plus en plus nombreuses que la survie des patients en phase terminale n’est pas abrégée, mais bien prolongée, s’ils reçoivent des doses de morphine
ajustées à leur douleur. Bien sûr, si ces doses sont augmentées régulièrement, que le patient ait mal ou non, créant des charges considérables de morphine, celle-ci peut tuer comme n’importe quel autre médicament (insuline, digoxine, etc.) mal utilisé. Il existe des lignes directrices pour la prescription des médicaments, y compris la morphine et les autres médicaments de la même famille, et leur utilisation à la fi n de la vie n’en suspend pas l’application.
La mort causée par surdose de morphine, c’est donc surtout un problème de mauvaise pratique médicale. D’ailleurs, la morphine ne fait pas partie des cocktails euthanasiques utilisés dans certains pays : elle n’y est pas à sa place.
En fait, la morphine est un médicament sécuritaire lorsqu’elle est administrée à dose efficace à des patients qui ont mal ou qui sont très essoufflés et en panique respiratoire : elle ne fait que leur rendre un certain confort, et elle les aide à vivre plus longtemps. Elle devient plus dangereuse si on l’administre à haute dose à des sujets sains qui n’ont pas de mal et qui n’en ont jamais reçu : elle peut alors endormir, ralentir la respiration, etc. Cette mise au point est importante : si on croit que la morphine tue, alors on peut penser qu’on a déjà commencé à tuer en soulageant la douleur. Alors, l’euthanasie se pratiquerait en masse dans nos hôpitaux, sans qu’on en parle ! On a commencé un traitement au potentiel mortel, il suffit de continuer un peu… et c’est fi ni !
Oui, on meurt dans nos hôpitaux : c’est en partie inévitable ! Cependant, l’euthanasie, la vraie, c’est-à-dire le meurtre d’une personne par compassion, avec quelque molécule que ce soit, n’y a pas sa place. Les lieux de soins doivent demeurer des lieux sécuritaires, où personne ne recevra subrepticement « la piqûre de la mort » et où tous seront adéquatement soulagés de leurs douleurs et de leur souffrance.
Par
Patrick Vinay
Éditions Médiaspaul
- http://www.mediaspaul.qc.ca/
Québec, Canada
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