MA VIE EN PIÈCES DÉTACHÉES
Auteure : Maritée
NOUVELLE ÉDITION 2012
L'auteur
L’auteure est née au Québec. Elle est titulaire d’un Ph.D. en sciences. Elle a étudié auparavant la médecine mais a dû abandonner ses études au début de sa quatrième année après avoir complété avec succès un premier stage d’externat en psychiatrie. Incapable de continuer par blocage psychologique, c’est un échec cuisant relié à un malaise profond et inexplicable par rapport à l’examen physique des patients.
Plus tard, elle a aussi complété une formation de base de 750 heures donnée par une école privée de formation pour psychothérapeutes.
Présentation
de l'ouvrage
Maritée, qui croit avoir vécu dans une famille relativement heureuse, voit peu à peu des souvenirs d’enfance remonter à la surface, des souvenirs horrifiants, qui l’obligent à faire un constat stupéfiant : elle a été victime de sévices sexuels sévères dès sa tendre enfance, et ce, par le premier homme de sa vie, celui qu’elle aimait le plus au monde.
Type nouveau de témoignage sur l’inceste, Ma vie en pièces détachées amène des éléments novateurs, en ce sens que l’auteure expose deux phénomènes extrêmement troublants : la dissociation et l’automutilation. Témoignage original aussi par le fait que l’emphase est mise sur des souvenirs d’inceste qui refont surface des années après les agressions, sujet encore méconnu.
À partir du moment où certaines réminiscences surgissent, on a le sentiment que la victime se livre à une véritable enquête sur ce qu’elle a pu cacher derrière un mur d’oubli pour arriver à survivre. Le père aux apparences et à la réputation irréprochables se positionne en sauveur alors qu’il est en fait contrôlant. Et lorsque l’auteure commence à peine à se rappeler, elle entre dans un cycle infernal : elle souffre de flashbacks intenses lui faisant implorer tout haut son père de ne pas faire « cela ». Parallèlement, elle doit faire face à l’incrédulité de son entourage faisant référence au « syndrome des faux souvenirs ». Cette thèse a donné des munitions à son agresseur pour amener toute sa famille à croire comme lui en des souvenirs implantés par ses thérapeutes et se livrer à un véritable harcèlement pour lui faire changer sa « version » des faits. A partir de ce moment, l’auteure a l’impression de nager en plein cauchemar et retrouver ses repères dans un tel contexte est loin d’aller de soi.
Ce récit de Maritée (pseudonyme) a été écrit par la victime elle-même. Une victime qui avait pourtant depuis toujours des souvenirs corporels intenses et éloquents, jusqu’à en venir à répéter sur elle-même des sévices profondément violents et sadiques, jouant un scénario où elle s’imaginait être à la merci d’un abuseur à cette époque anonyme, tout en ayant absolument tout oublié de l’inceste paternel vécu de l’âge de deux ans à 13 ans. Ces comportements de l’auteure qui ont commencé à l’adolescence et ont perduré jusqu’à la réminiscence des traumatismes, sont tout à fait nouveaux si on compare avec d’autres témoignages de ce genre. Il est intéressant d’associer ces comportements à la douleur psychologique qui les provoque mais aussi à la honte et au désarroi que cette compulsion de répétition sans cause apparente ont provoqué chez elle pendant de nombreuses années.
Le syndrome de stress post-traumatique dont a souffert la victime, associé à de multiples troubles psychosomatiques et au manque de support de l’entourage niant avec force les évènements survenus lorsque Maritée était jeune, ont eu des effets dévastateurs sur tous les plans : professionnel, amoureux, social, économique, etc. L’auteure en est même venue à maintes reprises à s’automutiler ou à vouloir en finir avec la vie tant la discordance était extrême entre ses flashbacks et cette « théorie » supportant la négation de ceux qui disaient l’avoir toujours chérie, l’exhortant sans arrêt à reprendre leur « belle vie de famille » et lui reprochant de « croire » ce que ces « étrangers » essayaient de lui mettre dans la tête.
Maritée ne pourra vraiment se souvenir et commencer à guérir que lorsqu’elle aura coupé tous les ponts avec sa famille dysfonctionnelle. Elle tentera aussi de faire appel au système de justice qui qualifiera sa démarche d’ « inusitée » parce qu’ayant comme point de départ des souvenirs retrouvés! Là aussi, la méconnaissance du phénomène est flagrante. Car ce dernier est beaucoup plus fréquent que l’on ne pense.
L’auteure est née au Québec. Elle est titulaire d’un Ph.D. en sciences. Elle a étudié auparavant en médecine mais a dû abandonner ses études au début de sa 4e année après avoir complété avec succès un premier stage d’externat en psychiatrie. Incapacité de continuer par blocage psychologique. Échec cuisant relié à un malaise profond et inexplicable relié à l’examen physique des patients. Plus tard, elle a aussi complété une formation de base de 750 heures donnée par une école privée de formation de psychothérapeutes. De par ses études, l’auteure a pu non seulement livrer son histoire, mais aussi l’analyser et la supporter par des ouvrages de références consultés, devenant par le fait même son propre sujet de recherche.
Au Sujet des Faux Souvenirs
Une étude scientifique publiée dans le Journal of Consulting and Clinical Psychology aux États-Unis a démontré que 38% des femmes victimes d’inceste durant l’enfance ne se souvenaient pas de l’abus rapporté 17 ans
auparavant(1). Trois organisations professionnelles américaines (l’American Psychiatric Association , l’ American Medical Association et l’ American Psychological Association) reconnaissent également la réalité d’abus sexuels
occultés(2). La plupart des thérapeutes scientifiques et chercheurs déclarent que les survivants de ces abus tendent à nier plutôt qu’à exagérer leurs souvenirs horribles et que les mécanismes de répression et d’oubli sont très bien documentés dans les articles de
psychiatrie(3).
Par contre, dans les années 1980 se développa aux États-Unis un phénomène baptisé le « syndrome des faux souvenirs ». Des pères furent accusés d’inceste par leurs filles devenues adultes, qui suivaient une « thérapie de la mémoire retrouvée » (TMR). En 1992, s’est créée aux États-Unis la False Memory Syndrome Foundation (FMSF). De nombreux chercheurs et professeurs d’université américains ont travaillé sur ce sujet. Avec dix ans de retard, ce phénomène s’est développé en France. L’association Alerte Faux Souvenirs Induits (AFSI) a été créée en 2005. Un site internet, Francefms, a été créé en 2000. Il a pris le nom de Psyfmfrance en 2008. Si aujourd’hui le phénomène a fortement régressé aux États-Unis, il continue à se développer en Europe et en
France(4).
Tout ceci a déclenché une controverse qui fait rage. On retrouve des cliniciens et des chercheurs des deux côtés de la barricade. L’American Psychiatric Association s’est dite particulièrement inquiète de la tournure de ce « débat passionné » qui pourrait discréditer le témoignage de personnes traumatisées par un abus sexuel. Certains psychanalystes américains ont également déploré ce «cirque médiatique » qui banalise une souffrance profonde présente depuis longtemps et qui risque de rendre certains cliniciens sceptiques face à ces souvenirs qui font surface après des décennies3. Des chercheurs du Centre de traumatologie de la clinique Harvard, auraient aussi démontré l’existence de souvenirs corporels qui ne peuvent être
falsifiés(2).
Si la manipulation possible de la mémoire par des psys adeptes de l’abus-sexuel-cause- de-tous-les-maux pourrait faire du tort, qu’en est-il de l’impact négatif que cette « mode » a pu et peut encore avoir sur les victimes aux vrais souvenirs occultés? En effet, depuis deux décennies, il semblerait qu’on se soit plus préoccupé du sort réservé à ces victimes aux souvenirs possiblement implantés, de même qu’à, il va sans dire, leurs abuseurs injustement accusés, qu’à celui réservé aux vraies victimes aux souvenirs retrouvés. Les organisations professionnelles américaines ont sans aucun doute eu raison de s’inquiéter de cette mode. Et il est à espérer que les organisations européennes sonneront aussi l’alarme.
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[1] Williams LM. Recall of Childhood Trauma : A prospective Study of Women’s Memories of Child Sexual Abuse. J Consult Clin Pharmacol 1994; 62 (6) : 1167-1176.
[2] Côté J. La Controverse sur les Fausses Mémoires (extrait du livre de Jean Côté, psychologue, intitulé La Thérapie par le Tunnel, pp. 52-64), Provirtuel et Jean Côté, 2001. En ligne :
http://www.provirtuel.com/doc/faussesmemoires.html.
[3] Landsberg, M. L’Etiquette de Mémoire Fictive est Inventée par un Groupe de Pression (paru dans le Toronto Star du 13 novembre 1993). Canadian Association of Sexual Assault Centers (CASAC) / Association Canadienne des Centres Contre les Agressions à Caractère Sexuel (ACCCACS).
[4] Axelrad B. Faux souvenirs et thérapies de la mémoire retrouvée. Science et pseudo-sciences, no 285, avril-juin 2009. En ligne :
http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1049
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