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Qu'est-ce que la projection?

Par Michèle-Rose Wainhouse, Psychopédagogue, Écrivain

Site: http://michelerosewainhouse.com/ 

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Qu'est ce que la projection?

Voici ce qu'en dit le dictionnaire Le Petit Robert :

  • Psychol.  Localisation externe d'impressions ressenties. 

  • Psychan.  Mécanisme de défense par lequel le sujet voit chez autrui des idées, des affects (désagréables ou méconnus) qui lui sont propres (opposé à introjection).

Ces définitions, que l'ont doit largement aux travaux de Sigmund Freud, sont bien sûr les mêmes que celles qu'emploie Un cours sur les miracles. Toutefois, il ne faut pas oublier qu'elles ne décrivent que les effets de la projection originelle, qui est elle-même la conséquence directe de la croyance en la division de l'esprit, le fondement sur lequel repose la dualité. 

En effet, le phénomène de projection supporte totalement notre croyance absolue à la séparation entre sujet et objet ; or c'est justement cela qui établit l'illusion, auquel cet enseignement - comme d'autres d'ailleurs - fait constamment référence. En refusant le Un qu'Il est véritablement, l'esprit semble se séparer de ce qui le constitue et la division ainsi produite établit une dualité entre un monde-moi perçu au-dedans et un monde-autre perçu au-dehors. 

" L'espace et le temps apparaissent dès que l'esprit refuse l'unique Pensée d'Amour qui l'habite et s'en sépare en la projetant ; il semble alors que le sujet - l'être pensant - soit séparé de l'objet de son désir, qu'il perçoit alors en dehors de lui-même. C'est pourquoi chacun a le sens aigu du commencement, puisque tout commencement fait référence à l'origine et donc à l'expérience de cette première séparation. Or, rien ne peut exister sans une cause. Cette loi établit que tout ce qui " fait " le monde, aux yeux de ceux qui se croient séparés, s'accompagne de son contraire, puisque la cause de tout ce qui est perçu a pour commencement la croyance en la division. A ce propos, je rappellerai cette question, attribuée à Jésus dans l'Évangile selon Thomas, à laquelle j'ai déjà fait référence dans un ouvrage précédent : " Au temps vous étiez Un, vous avez fait le deux ; mais alors, étant deux, que ferez-vous ? " Bien que chaque situation de la " vie " semble être le produit du " deux ", la question restera sans réponse tant que ne sera pas remise en cause l'origine apparemment divisée du commencement de chacun. Pourtant, qui pourrait dire qu'il n'est pas irrésistiblement attiré par la vérité ? Or l'évidence de son unité restera pour lui inaccessible justement parce qu'il lui préfère l'illusion de la dualité. Il n'empêche que son propre commencement le fascine, car il confirme à ses yeux la particularité physique qu'il attribut à sa réalité. D'ailleurs, il pourra évaluer la place qu'il accorde à ce commencement à l'aune de l'attachement qu'il porte à son identité. Car le commencement que chacun s'attribut lui fait accéder à l'identité qui nomme l'individu qu'il désire être, qui le caractérise et, surtout, le différencie des autres. " 

Cette différence, entre " moi " et disons " les autres " pour simplifier, produit une illusion de réalité extérieure à laquelle chacun de nous ne peut que souscrire totalement. Évidemment, - et là je pense à tous ceux et celles qui voudraient magiquement par un claquement de doigts annuler cette illusion - l'enseignement du Cours sur les miracles ne nous demande pas de " faire " quoi que ce soit pour qu'elle disparaisse : cela n'est pas en notre pouvoir personnel, car nous n'avons aucun pouvoir personnel. Le " personnel " est aussi une illusion.

" Il est généralement admis que le mot " croire " a une spécificité d'usage qui s'applique en priorité à la relation au divin. Pour qualifier cette relation, une seule chose, dit-on, devrait suffire : la croyance. Ce qui laisse supposer qu'être " croyant " soit nécessaire pour justifier sa relation spirituelle, et il en découle que lorsqu'il n'y a pas " croyance " il n'y a pas de relation au divin. Ainsi donc, quelqu'un qui n'adhérerait pas à une religion, soit par manque de " croyance " ou par refus conscient à la " croyance " ou serait athée par indifférence ou par opposition à la religion, serait exempté de sa relation au divin. Mais il est évident que ne pas " croire " ou être exempté de sa relation au divin sont aussi des croyances. Le but de ce livre est de rappeler, malgré toutes les " preuves " concrètes du contraire, l'inévitabilité de cette relation dans laquelle chacun a sa part. Car la relation au divin est la seule relation que nous ayons - que nous soyons croyants ou non - car Dieu est une idée qu'entretient l'esprit. Cette idée, avec laquelle notre esprit est toujours en relation, est la seule idée qu'il contienne. Bien sûr, il ne s'agit pas de l'esprit personnel de chacun - d'ailleurs, il n'y a pas d'esprit personnel - mais bien de l'esprit en tant que principe pensant, totalement conscient de lui-même, et dont l'unité ne peut être divisée puisqu'elle est sa nature même. Ce principe pensant n'est autre que le Principe Spirituel auquel l'identification établit la réalité de l'Être. Car, comme l'esprit, l'Être en chacun est même : il se connaît et se reconnaît lui-même dans sa perception non divisée. A chaque instant, d'instant en instant, le principe pensant qui englobe l'Être, conçoit cette unique idée dont l'extension est le champ relationnel entre l'Être et sa Source. Mais " notre " esprit - l'esprit dit " personnel " parce qu'il veut se croire divisé - voulant ignorer cette relation, refuse l'idée et s'en sépare en la projetant hors de lui-même, dans ce qui devient - par ce fait même - l'espace, réceptacle de ses effets. Ce mécanisme n'est pas étranger au " phénomène de création et d'annihilation ", postulat de la physique quantique qui établit que de nouvelles particules apparaissent, causées par le mouvement que font deux protons entrant en collision. Cette observation révèle en effet que " du mouvement s'est transformé en matière ", opérant ainsi la " transformation d'une propriété d'objet en objet ". Si on exprime ce postulat dans un langage moins abstrait, on obtient ceci : l'image d'une chose donnée provient d'une idée de cette chose et inclut sa propriété. C'est cette propriété qui, par le mouvement - ou la projection - de la pensée, devient objet concret. Ainsi est-il possible de dire que le penseur n'est pas séparé de ce qu'il pense et, par conséquent, ce qu'il perçoit est l'effet de ce qu'il pense. 
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Toutefois, ce qui est projeté ne peut que se fragmenter, ce qui fait que nous percevons en dehors de nous-mêmes des formes concrètes et dissemblables que nous n'arrivons plus à reconnaître comme étant la propriété multipliée de l'unique idée conçue par l'esprit. C'est pourquoi nous passons notre vie à lutter pour obtenir ces choses afin de les posséder, car nous les jugeons bonnes, ou à les combattre afin de nous en débarrasser, car nous les jugeons mauvaises. Pour étayer et justifier nos croyances, il nous suffit de juger, - ce que nous ne cessons de faire afin de diviser et différencier ce qui à l'origine, dans l'esprit, est un. Et c'est ainsi que le système de croyances auquel chacun s'identifie devient ce qu'il nomme " son " esprit. 
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En refusant son unique relation à Dieu, l'esprit semble se diviser en deux et fonctionne comme un double moule. Fondue dans ce moule, la croyance à la dualité s'impose alors et établit son hégémonie dans " notre " esprit. Bien que la division de l'unité soit une impossibilité, nous ne pouvons faire l'expérience directe de sa complétude, puisque notre esprit est incapable d'en saisir le sens et donc d'en reconnaître les effets. C'est pourquoi nous sommes obligés d'avoir recours aux symboles, puisque c'est leur fonction de représenter quelque chose d'autre, et c'est ce quelque chose d'autre qui est substitué à la réalité. Ainsi, par le biais de leurs représentations symboliques, les situations, événements et relations spécifiques du quotidien de chacun se substituent à l'unique expérience de la relation à Dieu, qui est ainsi détournée en faveur de formes multiples de substitution. De l'identification spirituelle à notre conscience d'être originelle, nous en sommes venus à nous identifier aux expressions symboliques de nos croyances. " 

La projection effectivement divise notre esprit en deux : le conscient et l'inconscient, puisque, pour reprendre les termes du Cours sur les miracles : 

" Une division quelconque de l'esprit ne peut qu'entraîner le rejet d'une de ses parties : c'est cela la croyance en la séparation. La complétude de Dieu, qui est Sa paix, ne peut être appréciée sauf par un esprit entier qui reconnaît la complétude de la création de Dieu. Par cette reconnaissance, cet esprit connaît son Créateur. Exclusion et séparation sont synonymes, comme le sont séparation et dissociation. Nous avons déjà dit que la séparation était et est une dissociation, et qu'une fois qu'elle a lieu, la projection devient son principal système de défense ou le moyen qui la maintient. Toutefois, la raison n'en est pas aussi évidente que tu l'imagines.
Ce que tu projettes, tu le désavoues, et ainsi tu ne crois pas que ça t'appartient. Tu t'exclus toi-même par le jugement même qui dit que tu es différent de celui sur qui tu projettes. Et comme tu as aussi jugé ce que tu projettes, tu continues de l'attaquer parce que tu continues de le maintenir séparé. En faisant cela inconsciemment, tu essaies de maintenir hors de ton attention consciente le fait que tu t'es attaqué toi-même, et tu imagines ainsi que tu t'es mis toi-même en sûreté. " Texte, Chap. 6 - II (Traduction non officielle de l'auteur)

Mais l'esprit toujours Un - que le Cours nomme l'Esprit Saint - ne peut que prévaloir puisqu'il est réellement la Voie, la Vie et la Vérité. Ainsi, pouvons-nous, sous Sa guidance, utiliser les formes, les circonstances et événements de notre scénario personnel pour nous aider - si nous y consentons - à découvrir toutes ces croyances que nous avions " désavouées " et " projetées " hors de notre conscience consciente et qui constituent le monde que nous percevons. 

Pourquoi avons-nous désavouées et projetées nos croyances, demandez-vous ? Et bien, en rejetant l'Amour (le Bon, le Bien et la Vie joyeuse que sont ses effets) nous avons mis la haine à sa place. Mais comme nous ne voulons pas accepter la responsabilité de ce souhait dément, nous nous en débarrassons en le rejetant hors de nous sur ce qui, ainsi, devient le monde où nous en percevons nécessairement les effets ; maintenant ce sont les autres qui nous apparaissent haineux, corrompus, pervers et meurtriers. Comme ce sont eux désormais qui sont coupables, nous pouvons les juger et les condamner à notre aise, ce qui nous " innocente " et nous " sauve " du terrible châtiment que nous imaginons malgré tout mériter.

Alors, franchement, ne vaut-il pas mieux en rire qu'en pleurer ?

© Michèle-Rose Wainhouse
Texte publié dans LES CARNETS THERAPEIA N° 4.

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