.
Commentaires et analyse de la FF2P
Avant projet de décret relatif à l'usage du titre de "psychothérapeute" en France.
Le Bureau national et le Conseil d’Administration de la FF2P se sont réunis le jeudi 12 janvier et ont débattu longuement de ce texte et des réactions souhaitables, sur le plan des principes, comme sur le plan de l’efficacité stratégique escomptée.
Nous devons communiquer nos observations par écrit au ministère pour le 10 février, la prochaine réunion de concertation générale étant fixée au 21 février 2006.
On note des aspects positifs non négligeables, mais aussi des réserves importantes.
Aspects positifs de l’avant-projet
-
Le principe même d’une concertation générale transparente où les arguments de chaque organisme et les réponses de l’Administration seront communiqués à tous les autres.
-
L’inscription sur le Registre national est volontaire, c’est-à-dire que les psychiatres, psychologues ou psychanalystes qui ne désirent pas user du titre de psychothérapeute, ne sont nullement tenus de s’inscrire. En revanche, le titre est protégé, c’est-à-dire que toute personne mentionnant ce titre sur une plaque professionnelle, une carte de visite ou une publicité, devra figurer, en principe, sur ce Registre. C’est bien le terme « psychothérapeute » qui est protégé, et non ceux de praticien en psychothérapie, analyste transactionnel, Gestalt-thérapeute, etc.
-
Comme la loi le prévoit, la formation théorique et pratique en psychopathologie clinique ( = « au lit du malade », c’est-à-dire avec des stages dans un service, à déterminer par des décrets ultérieurs) est exigée de tous : médecins, psychologues, psychanalystes et psychothérapeutes. Le simple titre de médecin ou de psychanalyste ne suffira pas… et certains parmi ces derniers en semblaient surpris.
-
Les « autres professionnels », c’est-à-dire, ni médecins, ni psychologues, sont cette fois-ci explicitement nommés et le ministère a enfin pris en considération nos exigences de préciser l’alinéa 2 de la loi et de mentionner à la fois les formations autres que médico-psychologiques (par exemple, celles d’éducateur spécialisé, assistant social, infirmier, kinésithérapeute, etc.) et surtout les formations en psychothérapie, publiques et privées.
-
Les méthodes ne sont pas énumérées, mais les approches ne sont plus réservées aux trois proposées par le Rapport officiel de l’INSERM. La catégorie ajoutée d’approche « intégrative » nous apparaît suffisamment large pour englober les approches humanistes-existentielles et psychocorporelles, intégrant la personnalité globale dans ses dimensions physiques, psychologiques, relationnelles et sociales, etc.
-
Des dispositions transitoires sont prévues pour les psychothérapeutes en fonction depuis plus de 5 ans.
Aspects négatifs ou incertains
-
Plusieurs points essentiels restent encore dans l’ombre et devront être précisés à l’occasion des prochaines réunions de concertation, mais surtout lors des prochains décrets simple et arrêtés qui seront pris directement par l’Administration — sans concertation élargie, ni contrôle par le Conseil d’État. Mais ces décret « simples » sont facilement modifiables et adaptables à l’évolution de la situation globale, contrairement à un décret en Conseil d’État, « gravé dans le marbre ».
-
Le premier point central concerne le « niveau master » de la formation en psychopathologie clinique : quels seront les conditions d’accès (prérequis) pour ces études ? Niveau universitaire ou VAE (Validation des Acquis de l’Expérience) ? Les certificats d’instituts privés (correspondant souvent à un niveau bac + 7) suffiront-ils pour obtenir une équivalence du niveau licence ou master, permettant une formation abrégée en dernière année ou des stages de durée limitée ? Nous comptons nous battre sur ce point. Quelles seront les possibilités de conventions entre les écoles privées et l’université ? Nous demanderons des précisions sur ces questions, évoqués verbalement.
-
Il est clair que l’université ne peut apporter que des connaissances et non une « formation » complète (impliquant un travail sur soi, une pratique, une supervision, etc.). Ces formations continueront à se faire, de toute évidence, dans les écoles privées. Ainsi, Jacques-Alain Miller déclare-t-il sans ambiguïté : « J’enseigne la psychanalyse à l’Université, mais je n’y ai jamais formé un seul psychanalyste ».
-
Le second point essentiel concerne les mesures transitoires : qu’adviendra-t-il des personnes ayant suivi, par exemple, une formation intensive pendant 4 ou 5 ans, suivie d’une pratique professionnelle supervisée pendant 4 ans ? Peut-on sérieusement envisager de n’en tenir aucun compte, ou va-t-on prévoir des modalités de formation complémentaire adaptée (formation continue) ? Tout cela sera à débattre, sans doute, avec le service des universités de l’Éducation Nationale. Mais chaque université conserve un important degré d’autonomie et sans doute, des conventions locales seront-elles envisageables.
Tels sont les principaux points sur lesquels la FF2P continuera à mener une action énergique et soutenue dans les mois à venir.
Serge Ginger, secrétaire général de la FF2P
Dr Michel Meignant, président de la FF2P
..
|