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Cet article a été rédigé dans le cadre d'une formation de DE JEPS. C’est la santé de l’Homme qui fait la prospérité de la famille et du pays. L’état de santé physique peut apporter toutes les modifications pour l’harmonie psychologique de l’Homme. Quel que soit le malaise ou l’infirmité de la personne, son intégration sociale se fait par le biais du physique et de l’émotionnel. C’est la santé de toute fonction vitale qui permet l’adaptation à son environnement de vie, que ce soit dans un palais comme dans un lieu plus sombre. La prison est un lieu sombre, où la réflexion de l’Homme est réduite à son strict minimum et où il n’y a pas de choix possible. L’individu y est confronté à un changement brutal de sa vie quotidienne et de son environnement habituel, coupé de l’harmonie du monde et de ses réflexions cohérentes. Tout est flou, sans visibilité, l’avenir est incertain. Je ne suis ni médecin, ni homme de loi. Je ne peux donner aucun diagnostic dans ces domaines. Je suis un hatha-yogi, diplômé du sport. C’est à ce titre que j’ai été sollicité par le Ministère de la Justice, et particulièrement par le SPIP (Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation) pour animer un atelier hebdomadaire de Yoga pour préserver la santé mentale et physique de détenus qui ont vécu de longues peines et préparent leur retour dans la société. |
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. Le Yoga est une discipline millénaire. Préventive et curative, elle a pour objectif principal de faire atteindre à l’individu un haut niveau d'harmonie et de tranquillité intérieure. En ce sens, elle favorise la relation humaine. Elle est à la source de nombreuses pratiques en relation avec le corps et l’esprit. De HA, le soleil, et THA, la lune, le Hatha-Yoga est une science ancienne de l’Inde qui traite de la santé par l’exercice corporel, les techniques de respiration, les méthodes de relaxation. Grâce au Hatha-Yoga (en tant qu’activité physique et sportive), le pratiquant peut repousser les limites de ses possibilités et trouver les moyens positifs pour vivre en paix et en harmonie avec sa famille, le pays, le monde et accomplir sa destinée de vie. L’atelier hebdomadaire de Yoga en prison J’ai conçu mon atelier de Hatha-Yoga Simplifié de manière transversale, en cohérence avec les divers services qui interviennent auprès des détenus. Les exercices variés du Yoga dans le domaine de l’échauffement et des étirements préparent le participant à surmonter les raideurs corporelles liées à son immobilité dans des espaces réduits. La salutation au soleil, l’exercice Gandhi ou pas du cheval, le saut de grue, la danse de Shiva, la salutation à la Terre, la technique de respiration alternée, le Yoga des yeux et la respiration va-et-vient sont des techniques avancées très dynamiques que j’enseigne et que certains peuvent s’approprier pour canaliser des comportements inappropriés, pour aller plus loin dans l’introspection sur eux-mêmes et pour retrouver la paix avec leur entourage. Les bienfaits du Hatha-Yoga en tant qu’activité physique en détention Sur le plan physique Sur le plan psychologique Dans le déroulement de l’atelier, tout cela passe par les étapes « construire », « vivre » et « défaire » les postures. En détention comme ailleurs, une seule et même méthode d’enseignement Les asanas ont un lien direct avec la santé du corps. Dans l’atelier de Yoga, il faut comprendre la façon de construire chaque posture. La durée doit être respectée. Il faut prendre le temps de vivre la posture, et le temps de bien la défaire avant d’en commencer une autre. La posture Montagne, la demi-pince, la pince, la petite et la grande tortue, la pente et la table, le diamant et ses trois phases, la sauterelle, l’arc, le cobra et le cobra royal, la chandelle et la charrue, les oreilles pressées, le demi-pont attaché et suspendu, l’étoile flamboyante, la roue et l’étoile de Brahma, la tête de la vache, le bateau, le pigeon royal, le chameau, le seigneur poisson, le corbeau, le guerrier, l’éternité, l’arbre, le triangle, la lune, la tête, l’échelle, la règle et l’équerre, le scorpion, l’architecte et l’étoile de Shiva, le danseur cosmique, le lotus et le cadavre… toutes sont des postures résumées et simplifiées du Yoga classique et traditionnel. Je les enseigne dans un ordre précis. Certaines, si elles sont enchaînées, peuvent devenir des séries. Je différentie les postures de base et les postures avancées. A chacun son Yoga, Yoga pour tous C’est en analysant les enseignements et les pratiques du Yoga à travers les cinq domaines que sont la physiologie, la psychologie, la biologie, la génétique et la sociologique, que j’ai mis au point tous les accès possibles pour encourager chacun à entreprendre et pour créer la joie de faire des efforts et d’en apprécier le goût. Pendant la séance de Yoga, je veille à mettre en œuvre, selon le profil de chaque détenu, de multiples méthodes pour construire, vivre et défaire chacune des postures précitées. Pendant la construction de la posture, la technique de respiration devient le point très important pour repousser ses limites et revenir à sa source originelle pour entreprendre ses objectifs, ses projets, tenir avec courage, expérimenter et transcender les objectifs de sa vie d’une manière positive. Méditation et relaxation : le chemin spirituel Je tiens à ce que tous les détenus pratiquent la méditation. Aussi, je réserve toujours un temps de médiation en fin d’atelier, juste avant la relaxation. Cette relaxation est dynamique et opérationnelle. Elle garantit au détenu l’apaisement de son cerveau. Elle lui permet aussi de supporter toutes les difficultés de la vie quotidienne qu’il doit affronter en situation de détention. Ses émotions sont au rendez-vous grâce à l’autosuggestion positive. Ce retour au calme installe en lui une imagination meilleure et une visualisation vers de meilleurs choix d’orientation et favorise l’émergence d’un renouveau à l’issue de sa réinsertion. |
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. Les lieux, les personnes, les ambiances ont des ressemblances. La souffrance y a sa place. Un élève m’a confié qu’il n’avait pas reçu la moindre visite depuis 9 ans. Un couple est là aussi, condamné pour des actes en lien avec des motivations politiques. Lui est dans le quartier des hommes, elle dans celui des femmes. Tous deux loin de leur enfant qui grandit sans eux depuis l’âge de 9 mois. Pour cet autre pratiquant de l’atelier, « le temps s’est arrêté depuis 17 ans ». Il me dit qu’il a tout perdu, avec un sourire où il n’y a même plus de dents. Dans les ateliers de yoga en détention, comme dans tous les autres environnements où je suis intervenu, j’ai rencontré des êtres de tous horizons, milieux sociaux, niveaux d’études ou métiers. Tous avaient le visage de l’espoir disparu. J’ai vu dans les maisons de retraite, d’anciennes avocates, juges, pédiatres, médecins, dirigeantes de grandes institutions, nées dans une culture du 19e siècle, et qui avaient ouvert la voie de l’espoir dans la marche de la nation vers la parité. Je revois, alors que j’étais maître de maison dans un établissement de la rue Dandicolle à Bordeaux, ces douze personnes de grand âge, qui ne pouvaient plus quitter leur fauteuil. Assises autour de la table elles me faisaient sentir par le silence qu’elles avaient arrêté leur combat pour la vie. Elles attendaient leur voyage vers le lieu du bonheur inconnu. Un de mes élèves handicapés, jeune adolescent valide devenu tétraplégique à la suite d’un accident, m’a raconté qu’à son premier réveil du coma, resté seul pendant plusieurs heures à découvrir qu’il ne pouvait plus rien bouger, il s’était mis à compter sans fin les carreaux du mur qui était devant son lit en imaginant qu’il s’agissait d’un jeu d’échec. Les anciens champions sportifs, accidentés du sport, retrouvent l’espoir en participant à la création d’une discipline adaptée qui leur permette de continuer à puiser dans cette source. J’en ai personnellement fait l’expérience en élaborant, avec les pratiquants handicapés, une discipline de handikaraté. J’ai monté un projet handirugby avec un jeune de 18 ans, devenu tétraplégique suite à un accident sur le terrain. J’ai accompagné dans leur projet d’accession à la conduite automobile, des jeunes lourdement handicapés. Là encore, le succès était au bout du chemin. J’ai été leur premier passager et c’est eux qui m’ont amené à la plage ! La souffrance a un parfum. On peut la sentir. Dans le sourire édenté d’un visage marqué par l’absence de soin, j’ai pourtant vu transparaître l’espoir, même chez les plus démunis. De près ou de loin, j’ai été témoin de la déficience des personnes. Par le moyen de l’activité physique et sportive, j’ai inventé les mots, les histoires, l’allure qui leur permettent de retrouver quelque appui solide, alors même que la vie ne tenait plus debout, bancale et sans aucune cohérence. Et j’ai vu la vie reprendre. Même avec peu de chances, la vie reprenait. Il m’est difficile d’expliquer comment, mais cela est indéniable. Agir au lieu de rire… A l’époque où nous vivons, iI n’y a rien d’original à affirmer que l’activité physique et sportive est un bienfait pour les personnes. Mais, en tant que professionnel du sport, animateur, éducateur, maître de yoga, je peux affirmer que la pratique sportive abordée au-delà des sphères ordinaires conduit l’homme vers la régénération de la vie en lui pour assumer son quotidien. |
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Richard
Sada, Psychothérapeute, Maître de Yoga |
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