La BioPsychologie Comportementale (BPC), un modèle émergent pour comprendre le développement de la personnalité.

Dr Benoît Poisson
D. Psy., psychologue, auteur et formateur
Québec, Québec, Canada

La biopsychologie est l’étude scientifique du fonctionnement du cerveau. Elle s’intéresse tout particulièrement aux processus inhérents à l’apprentissage, à la mémorisation, à la motivation, à la perception et à l’émotion en tenant compte de l’environnement.

La BioPsychologie Comportementale (BPC) est une approche intégrative tenant compte des trois facteurs du développement des comportements : l’apport de la génétique, le développement neuronal et l’apprentissage. Elle fait le lien entre les différents processus du cerveau et les comportements qui y sont associés. Deux sortes de comportements sont identifiées : ceux associés aux émotions (à court terme) et ceux associés aux personnalités (à long terme).

Ce modèle émergent apporte une nouvelle compréhension du développement de la personnalité. Il intègre les éléments des récentes recherches en neurosciences relatives aux circuits neuronaux. Ce modèle s’articule autour du développement de cinq circuits neuronaux : l’instinctivité, la sensitivité, la cognitivité, l’affectivité et la réflexivité.

L’instinctivité est le premier circuit neuronal à se développer chez le nouveau-né. Il déclenche une réponse motrice spontanée, automatique et involontaire à la suite d’un inconfort sensoriel, un réflexe nécessaire à la survie. Par exemple, c’est ce qui amène le nourrisson à pleurer lorsqu’il a faim, qu’il est fatigué, qu’il a froid, etc. C’est également ce qui porte l’enfant à retirer rapidement sa main d’une surface très chaude pour éviter de se brûler. Il réagit promptement à la douleur. C’est ainsi qu’il développe des compétences de survie. À ce niveau, il n’y a pas de pensée sur laquelle l’enfant pourrait appuyer sa réaction. En vieillissant, ce circuit pourra aussi être déclenché par d’autres facteurs tels qu’une menace réelle ou hypothétique à sa sécurité physique ou un mal-être.

La sensitivité est le deuxième circuit neuronal à se déployer chez le bébé. C’est par les sens tels que le toucher, la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et l’intéroception (perception des modifications ou des signaux provenant des viscères et des muscles) que se développe sa capacité perceptuelle. Elle lui permet de s’adapter à l’environnement en se protégeant des dangers. Comme pour l’instinctivité, il s’agit d’une réponse non consciente qui n’est pas appuyée par une pensée. Par exemple, s’il entend pour la première fois le bruit de l’aspirateur sans y être préparé, il risque de figer ou de pleurer, car il sera surpris. La réaction de surprise s’atténuera au fur et à mesure qu’il se familiarisera avec ce bruit. Il ne percevra plus ce bruit comme dangereux. Il fait ainsi un nouvel apprentissage sensoriel favorisant sa sécurité.

La cognitivité est le troisième circuit neuronal à être fonctionnelle. C’est la capacité motivationnelle qui pousse l’enfant à l’exploration et à l’expérimentation. Elle favorise le développement de la concentration, du langage et des fonctions exécutives. Ces habiletés servent à l’acquisition de connaissances et au développement de la compréhension. C’est par le jeu qu’il les développe. Par exemple, le jeu des cubes que l’on emboîte l’un dans l’autre lui permet d’apprendre les formes, les grosseurs, dedans, dehors, etc. Il apprend ainsi la base de l’arithmétique et accroît ses compétences intellectuelles.

L’affectivité est le quatrième circuit neuronal à prendre place. C’est en fait un malaise intérieur diffus et envahissant qui est associé à la capacité de sensibilité affective. C’est le fondement de l’empathie. Cet inconfort intérieur permet de ressentir et d’être touché par ce qui arrive aux autres. L’expression « se mettre dans la peau de l’autre » résume bien ce processus. Il permet l’utilisation de certains gestes pouvant amener du réconfort aux autres. Par exemple, l’enfant apporte une peluche à son ami qui pleure. Cela lui permet de créer des liens avec les autres. C’est le début du développement des compétences sociales.

La réflexivité sera le cinquième et dernier circuit neuronal à se mettre en place. C’est la capacité de mentalisation. Elle permet de réagir aux situations ponctuelles de façon consciente, délibérée et réfléchie. L’enfant prend conscience de ses réactions comportementales et de celles des autres. Il développe des habiletés d’autorégulation lui permettant de réguler ses pulsions, ses perceptions, ses motivations ainsi que sa sensibilité affective. C’est le début du développement de la morale et du sens éthique.

Dans l’approche de la BPC, ces cinq circuits neuronaux sous-tendent les cinq styles de base de la personnalité : soit le combatif, associé au circuit neuronal de l’instinctivité ; le vigilant, associé à celui de la sensitivité ; l’explorateur, associé à celui de la cognitivité ; l’altruiste, associé celui de l’affectivité et le sage, associé celui de la réflexivité. Ces cinq styles de base sont présentés à la figure suivante.

Les données neuroscientifiques ont démontré que la personnalité se développe durant l’enfance et se structure à l’adolescence parallèlement au processus de myélinisation des circuits neuronaux. Celle-ci est pratiquement complète vers l’âge de 25-30 ans, c’est ce qui explique la stabilité de la personnalité après la trentaine.

Selon l’hérédité reçue, le développement neuronal et les apprentissages que la personne a faits, trois circuits seront davantage sollicités lorsqu’elle fait face à une situation. Ces circuits sont considérés comme dominants. À partir de ceux-ci, il a été possible de définir dix styles mixtes de personnalité qui sont présentés à la figure suivante.

À partir de ces dix styles de personnalité, la BPC met l’accent sur la compréhension et la normalisation de ces différents styles. Le but est de permettre à la personne de connaître son style de personnalité et de mettre en place des outils adaptés à celui-ci afin de maintenir un équilibre optimal.

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Dr Benoît Poisson, psychologue clinicien depuis 1976 auprès d’enfants, d’adolescents et d’adultes ayant des troubles de santé mentale dans différents milieux cliniques, professeur de clinique pendant quatorze ans. Il est aussi un auteur, un conférencier, un superviseur et un formateur depuis une dizaine d’années.

Madame Marianne Poisson, ergothérapeute, a acquis une expérience diversifiée auprès de la clientèle jeunesse (santé mentale, retards de développement, particularités sensorielles, troubles d’apprentissage) dans les milieux des CLSC, des centres de réadaptation et en pratique privée. Elle s’est impliquée dans l’enseignement universitaire au fil des ans.


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