Le désir porte en lui-même le germe de sa destruction, car une fois le désir assouvi, il disparaît. Au même titre que la faim disparaît après un bon repas. Par définition, je désire ce que je n’ai pas, pas ce que je possède. Au début d’une relation, en pleine séduction, le désir se renouvelle rapidement, dû à l’insécurité et à l’anxiété face à cette relation. Mais, à la longue, ce désir ne peut faire autrement que de s’atténuer et la fréquence des soupers en tête à tête et des relations sexuelles diminuer. Cette saturation du désir est due à la plus grande disponibilité du partenaire, à sa plus grande présence, au fait de considérer l’autre comme acquis. C’est aussi la conséquence de l’adaptation hédonique : même les plaisirs les plus intenses finissent pas devenir ordinaires.
Lorsque dans un couple, il y a baisse ou perte de libido, je m’informe toujours à quand remonte la dernière fois où chacun a pris des vacances tout seul, sans la présence du partenaire. Et presque immanquablement ces couples vivent ensemble depuis qu’ils se connaissent, sont toujours ensemble, font tout ensemble. Et quand il y a des enfants, c’est la famille qui prend le dessus. Il n’y a plus de place pour le couple, encore moins pour chacun des individus formant ce couple. La distance est nécessaire à la survie du désir du couple et à la durabilité de la relation.
La distance laisse place à l’imaginaire, au fantasme, au désir de retrouver l’autre. Nos relations sexuelles ne sont jamais aussi intenses qu’après une séparation temporaire, volontaire ou non. C’est quand l’autre n’est pas là, que je me rends compte comment et combien je le désire. Évidemment, si je me sens mieux lorsque l’autre est absent…
Par Yvon Dallaire, Québec, Canada.
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