Le deuil : pas de pardon !

Le deuil : pas de pardon !

Par Angélique Dietrich et Erick Dietrich

Le deuil est en lien avec la douleur que provoque la rupture d’un attachement et/ou la perte de l’objet (présent ou non, mort ou vivant) qui, lors d’un événement, est souvent non désirée et non attendue. Cet événement a pu être attendu, voire provoqué.

Ce deuil, comme nous allons le voir plus particulièrement dans cet article,  peut aussi être lié aux renoncements de nos comportements, de nos fantasmes, de nos croyances ou des « monstres de notre passé ». La décompensation sera d’autant plus forte que la période de déni aura été longue. Le deuil est le mécanisme permettant à un individu de s’adapter à l’événement et d’accepter la transformation provoquée par la perte de l’objet.

Nous décrivons dans notre école plusieurs phases :
La décompensation puis la remontée.

I. La décompensation

1) La phase du choc et de la sidération :

cette courte phase survient lorsque l’on apprend la perte ; se met alors en place la décompensation.

2) La phase a-émotionnelle & le déni

… sont d’autant plus fortement ressentis que l’attachement est rompu de façon soudaine, inattendue. C’est une période plus ou moins intense où les émotions sont schizées. La prise de conscience de la réalité de la perte permet de sortir de cette phase car si la personne reste dans le déni, le processus de deuil ne peut pas se faire. Il risque même à terme d’entraîner une décompensation dans l’oralité (l’archaïque : période de la phase de dépendance relative à l’objet et donc de la rage) avec la mise en place de tendances psychopathiques à plus ou moins long terme.

3) les phases émotionnelles :

Dans cette phase de décompensation, trois émotions vont apparaître de façon différente en fonction de l’histoire de la personne, de l’événement et de son environnement. Ainsi, en fonction des différents mécanismes de projection, d’introjections ou d’identification des émotions apparaissant sous des formes diverses, elles peuvent ne pas appartenir à la personne en deuil.

a. La Colère : avec accusation ou autoaccusation, déresponsabilisation et fureur (« Ce n’est pas juste », « Ils n’avaient pas le droit »). La culpabilité liée à des croyances infantiles de dettes peut s’installer dans certains cas avec des périodes de questionnements et de doutes.

b. La Peur ou une angoisse indéfinie : la peur ayant un objet : peur pour soi ou peur pour les autres, peur ponctuelle ou angoisse globale. Le monde apparaît comme une source de dangers insurmontables « Qu’est-ce que je vais devenir, comment vais-je faire face à… ?». Ici apparaît le problème de l’adaptabilité dans la qualité de remise en cause.

c. La Tristesse : étape décisive et difficile pour affronter la réalité, la prise de conscience de la perte s’impose : ce qui a été ne sera plus et prise de conscience que ce qui a été fait a été fait et qu’il n’y a plus rien à faire. L’individu va devoir recommencer (voir commencer) à vivre le présent ; le passé est pesant du TOUT qu’il contient et n’est plus pour un individu qui ne l’a plus. L’avenir est inscrit dans le RIEN d’une vie à prévoir qui s’inscrira dans ce qui n’est pas prévu.

4) La phase dépressive avec une grande souffrance morale et une importante dysphorie (ou tristesse pathologique).

C’est un vécu douloureux dans le regard que le sujet porte sur lui-même. Les sentiments de culpabilité, de dévalorisation sont très présents ainsi que des manifestations psychosomatiques : douleurs physiques, perte du sommeil et de l’appétit, boule dans la gorge, courbatures, manque de concentration et pertes de mémoire, symptômes de conversion, voire de maladies psychosomatiques souvent liées à des stases émotionnelles et comportements suicidaires, etc.

Le masochisme de la personne augmente  pouvant l’amener à s’enferrer dans un état de victime dont elle subirait alors une forme de compulsion de répétition liée à sa soumission menant à une guerre interne, avec le sentiment déchirant d’une guerre perdue d’avance.

5) La phase de marchandage :

Phase faite de négociations, chantages. Les tentatives, surtout dans les noyaux psychotiques et archaïques vont être de négocier et de marchander avec des fragments de la réalité ou des fragments du moi, alternant les réagencements intérieurs ou extérieurs.

6) La résignation :

La résistance de l’organisme peut conduire la personne vers l’abandon de cette lutte au cours de laquelle elle peut avoir le sentiment d’avoir tout essayé pour revenir à la situation perdue. Elle peut parfois se réfugier dans l’étape du déni. C’est le cas de ces personnes qui continuent à faire exister ce qui n’existe plus. Si ce déni, prenant une forme délirante, n’est pas travaillé, la personne abandonne la lutte dans la résignation avec un fond ou des accès dépressifs. La personne est redevenue « sociable » mais attention au leurre où en fait elle reste clivée et se laisse porter par le déroulement de la vie. Elle n’a aucune visibilité de ce qu’elle peut faire. Elle agit au gré des événements, selon ce à quoi la renvoie l’événement auquel elle est confrontée. La résignation, pour que la remontée puisse se faire doit passer par l’acceptation de la prise de conscience de la « Perte » ! Quoi qu’il se soit passé, il y a eu « DES PERTES et des DOMMAGES COLLATÉRAUX ».

II. La remontée

1) L’Acceptation :

Dans cette démarche d’acceptation, c’est la personne qui vit le deuil qui passe au premier plan et non plus l’objet du deuil. Qui dit Pardon, dit DANGER : l’acceptation c’est « comprendre et admettre ce qui a été » et renoncer à l’illusion de la toute-puissance et surtout ne plus se laisser envahir par la culpabilité. Nous préférons le terme de renoncement (à l’objet et à la culpabilité) à celui de pardon avec le sens donné à l’événement et/ou aux événements pour une accession à la sérénité.

2) La résilience :

Les traumatismes vont prendre sens et être assimilés comme une expérience. La cause du deuil devient un souvenir. Le passé est devenu un héritage d’existence, le présent se vit en fonction de projets, d’un regard sur l’existence et de nouvelles perspectives. La cause de la souffrance est devenue une ressource intérieure permettant de devenir plus grands et de créer des expériences sublimes, là où il n’y avait que des expériences traumatisantes, et ainsi transcender l’inacceptable. Il s’est opéré une « transmutation ». C’est l’étape nommée résilience, un concept introduit par Boris Cyrulnik.

3) Mettre en acte sans passer à l’acte :

Sortir du chemin de la vengeance et de la haine de type psychopathique pour régler une situation où la personne a ressenti des blessures et/ou de la trahison associées à de l’abandon ou à des événements de l’ordre de l’inadmissibilité. L’élément le plus important est de faire cesser la souffrance pour ne pas dépenser d’énergie ou se perdre dans la dépression dans un mode masochiste. Faire arrêter la souffrance c’est oser se battre contre son propre masochisme et éviter la vengeance, tout en sachant se protéger de la violence du monde extérieur.
Reconnaître qu’on a été blessé intérieurement c’est abandonner la croyance selon laquelle on pense que « l’autre est responsable ET c’est moi qui me sens coupable », et donc accepter sa souffrance et ne pas tomber dans le leurre du « PARDONNER à celui qui m’a offensé ! ».

Ne pas excuser, ne signifie pas mettre en place un processus de vengeance liée à une décompensation dans la haine archaïque, mais simplement « POSER » face à l’autre SES limites et lui faire comprendre « QUI JE SUIS ».

4) Parler avec une personne neutre !

Tant que la blessure n’a pas été exprimée, le danger, c’est qu’elle s’en aille d’une manière inconsciente dans la vie (l’Éros est débordé par le Thanatos), les comportements et le corps (symptômes et maladies). Les personnes qui consultent un thérapeute ont de l’anxiété, sont mal dans leur peau, déprimées et c’est grâce au travail thérapeutique verbal et émotionnel qu’il est possible de les libérer et d’extérioriser leurs émotions. Beaucoup restent morcelés, dans la haine, dans les regrets, les remords, la souffrance… Ce sont de grandes blessures et c’est souvent dans leur relation avec une autre personne que cela risque de s’extérioriser sur un mode projectif avec l’expression d’une violence et d’une haine qui étaient plus ou moins réprimées.

Un psychodrame remettant en scène « le trauma » permet d’identifier les blessures, d’accepter de quitter sa position de victime et d’extérioriser le thanatos qui entraîne les compulsions de répétitions pour permettre à éros d’investir à nouveau le champ pulsionnel.

5) Ne pas pardonner, la réconciliation en fonction de !

Le pardon est une notion inacceptable. Il est des événements qui sont difficilement pardonnables. Pardonner est un leurre, il faut être capable de juger et condamner l’inacceptable, car le pardon de l’inacceptable génère une fragmention à l’intérieur de la personne qui devient à terme un sadisme intériorisé qui va engendrer un masochisme très important lié à la partie de l’intime qui a été « contaminé ». Il est nécessaire de décontaminer. Juger, condamner, ne pas excuser, ne pas condamner c’est permettre de donner un sens aux blessures, les accepter et les transcender pour être capable d’accepter, il n’en demeure pas moins qu’il restera toujours une « cicatrice » ! Renoncer comme dirait Maurice Maeterlinck c’est : « […] tenir ouvertes les grandes routes qui mènent de ce qu’on voit à ce qu’on ne voit pas » (Le Trésor des Humbles).

Dans certaines situations, si la personne n’a pas changé, il est préférable qu’il n’y ait pas de réconciliation physique car elle peut sadiser. Le renoncement à ce que les événements n’aient pas été ce qu’ils ont été et à ce que l’autre ne changera jamais permet une délivrance du dramatique mais une délivrance dans le tragique même : la personne doit accepter le fait que les acteurs du drame ne sont pas dans le même langage, le même monde, la même histoire.

Pour Hegel, le pardon (pour nous le renoncement) est précisément ce qui termine le cycle commencé par le tragique : or, le pardon hégélien repose sur le renoncement de chaque partie à sa partialité, c’est-à-dire qu’il repose sur un désistement réciproque. Cependant, dans cette situation de tragique, de conflit, si l’échange des dettes rétribuables est impossible, c’est parce que ces mémoires sont enracinées dans un immémorial inaccessible à l’échange. Il y a une « corporéité » des identités historiques qui les rend irresponsables, incapables à partir d’un certain point de vue de rendre raison d’elles-mêmes, qui empêche de répondre à toutes les questions. Comme si l’identité était précédée par une dette transcendantale à tous les échanges qui l’auraient définie, ou par un oubli plus vaste et plus vivant que tous ses souvenirs.

Le renoncement est une forme d’arrangement avec l’irréparable et l’irréversible, c’est l’impossibilité de revenir en arrière dans le sens où il permet d’abandonner la lutte sans chercher à comprendre le tragique du traumatisme : le renoncement comme travail de deuil pour rompre avec la dette et accepter l’oubli.

L’histoire témoigne le plus souvent de cette scène où les peuples qui ont le plus souffert deviennent impitoyables, où le juste devient « le méchant » à force de s’enfoncer dans son droit. C’est pourquoi le pardon touche à l’identité, celle qui, engoncée dans une mémoire obsédante de l’irréparable, refusera tout pardon, tout effacement qui pourrait la modifier.

Apprendre à renoncer pour aller vivre enfin ailleurs autrement, en acceptant l’irréparable et la perte. Renoncer, c’est regarder notre histoire à partir d’une nouvelle vision de nos traumatismes qui ont fait l’être que nous sommes et surtout ce qui, à travers l’acception de VIVRE, va nous ouvrir l’infini des champs possibles.

« Au large de tout Ici, sans ailleurs, toute rencontre est suspendue hors de soi, au péril de l’espace, dans l’Ouvert. » (H. Maldiney)

Les auteurs

Angélique Dietrich est sexothérapeute, thérapeute analyste & psychosomatoanalyste (thérapies multiréférentielles, psychanalytiques et corporelles). Elle est directrice, formatrice et superviseuse de l’École Francophone de Thérapies et de Coaching. Elle est diplômée en sexologie clinique et en sexothérapie. Elle est née le 23 février 1975, est connue depuis des années pour ses recherches et ses nombreuses publications, dont un livre sur l’inceste L’Interdit Universel, du Mythe à la Réalité, l’Inceste dans tous ses états en 2013.
Angélique Dietrich est membre de Psycho-Ressources:
https://www.psycho-ressources.com/sexologue/paris/angelique-dietrich.html

Le Docteur Erick Dietrich est un thérapeute avant-gardiste né le 18 mai 1955 à Alger. Il est diplômé de la faculté de médecine de Lille, lauréat de l’institut de sexologie de Paris, diplômé de l’université de Rennes en sexologie clinique, directeur de recherche et d’enseignement au département de l’École Francophone de Thérapies et de Coaching. Sexologue et psychothérapeute agréé par l’ARS, il a aussi été formé au Centre International des Sciences Criminelles et Pénales.
Erick Dietrich  est membre de Psycho-Ressources:
https://www.psycho-ressources.com/erick-dietrich.html


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Pour une Psychanalyse des Expériences Exceptionnelles

Pour une Psychanalyse des Expériences Exceptionnelles – Comment penser le paranormal.
Édition revue, corrigée et augmentée

Editions L’ HARMATTAN  (2014)
Djohar SI AHMED

SOMMAIRE:

Malgré la profusion de travaux universitaires, de publications dans des revues mainstream, le statut du paranormal reste problématique et alimente encore des polémiques  stériles. Pour beaucoup, il n’a pas d’existence et son étude n’a donc ni fondement ni légitimité. Or les expériences paranormales, appelées aussi expériences exceptionnelles, se révèlent partie intégrante de la vie psychique. A ce titre il s’agit bien de composer avec elles et de s’autoriser à les penser, quand bien même elles se situent en contradiction avec l’ordre habituel du monde.

Comment penser le paranormal ? Comment et pourquoi advient-il ?

Considérant les expériences exceptionnelles comme une donnée de la vie psychique, l’auteur présente ici cet aspect insolite et pourtant fondamental de l’existence, à travers de nombreux exemples cliniques -télépathies, prémonitions, psychokinèses, révélation de secret transgénérationnel, survenant dans la vie quotidienne, en psychothérapie, en parapsychologie clinique, en psychanalyse, lors de l’entrée en transe (TRH) ou  dans les « Groupes d’Entraînement à la Télépathie (G.E.T)  ». Toutes ces situations impliquant peu ou prou, un changement d’état de conscience, sont propices à ces manifestations. L’analyse de ce matériel permet de comprendre de façon exemplaire le travail de l’inconscient dans la genèse des manifestations paranormales.

L’auteur retrace également les refoulements et résurgences de ces extraordinaires capacités créatrices, évolutives, ayant émaillé l’histoire du magnétisme, du spiritisme, de la psychothérapie, de la métapsychique, de la parapsychologie et enfin de la psychanalyse.

L’approche psychanalytique est très rarement appliquée au paranormal. Ce livre inclassable,  propose une articulation entre deux mondes arbitrairement cloisonnés, monde de la psychanalyse d’une part et monde de la métapsychique et des phénomènes paranormaux d’autre part. Le paranormal si peu acceptable, si difficilement pensable, se situe de fait dans un territoire improbable, au-delà des frontières psychiques, au-delà des frontières théoriques.

Commande : http://www.iclppsy.fr

L’AUTEUR

Djohar SI AHMED est Docteur en Psychologie et en Psychopathologie, psychanalyste, hypnothérapeute et praticienne de la Respiration Holotropique et formatrice.
Elle a fondé l’Institut des Champs Limites de la Psyché (ICLP).
Auteur de Psychanalyse des expériences Exceptionnelles (L’harmattan, 2014).

Autre ouvrage du même auteur:
Les processus de guérison
Accueillir et déployer ses émotions pour guérir

Djohar Si Ahmed & Gérald Leroy-Terquem
https://aws.psycho-ressources.com/blog/les-processus-de-guerison/

DÉTAILS SUR LE PRODUIT

Broché: 420 pages
Editeur : Editions L’Harmattan; Édition : édition revue et augmentée (22 janvier 2014)
Langue : Français
ISBN-10: 2343025401
ISBN-13: 978-2343025407
Dimensions du produit:  24 x 3 x 16 cm

A propos de L’I.C.L.P.

Djohar SI AHMED et Gérald LEROY-TERQUEM ont fondé l’ Institut des Champs Limites de la Psyché (I.C.L.P.) en 1988, parallèlement à leur pratique en hôpitaux psychiatriques, C.M.P.P et dispensaires d’hygiène mentale pour adultes et enfants. Leur cheminement les a conduit au fil des années à promouvoir une démarche intégrative, se référant, tant sur un plan pratique que théorique, aux apports des différentes écoles de pensée ayant marqué l’histoire des sciences humaines, de la psychanalyse et de la psychothérapie.

Dans un souci constant de recherche et de réflexion sur l’efficience thérapeutique des différentes approches (cure analytique et autres), mais aussi sur leurs limites, ils se sont intéressés aux états de conscience dits non ordinaires (ECNOS). Et ceci dans la perspective de leurs applications thérapeutiques. Ce qui les a conduit à intégrer à leur pratique les apports des thérapies dites brèves: Hypnose, P.N.L et T.R.H.

I.C.L.P.
15, rue Bargue
75015 PARIS
Tél. / Fax : 09.63.50.27.90


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L’homme qui voulait enfanter: Rencontre avec l’auteur.

L’Homme qui voulait enfanter.
Raoul Garnier. Éditions L’Harmattan. France

Présentation de l’ouvrage:
https://aws.psycho-ressources.com/blog/homme-qui-voulait-enfanter/
 
EN GUISE DE POSTFACE
Par Elisabeth Gontier

*  Quand Raoul Garnier, ami de longue date, m’a demandé s’il m’était possible de rédiger la postface de son troisième ouvrage, nous avons envisagé de la présenter sous forme de rencontre avec l’auteur.
 
Raoul, bonjour. Tu viens de terminer L’Homme qui voulait enfanter. C’est ton troisième livre ; à quelle époque de ta vie as-tu commencé à penser à écrire ?

Il y a longtemps déjà, sans doute dans une période qui correspondait au mitan de ma vie, j’avais pensé à écrire des nouvelles, mais en l’occurrence, le facteur déclenchant a été le décès de ma mère : je n’aurais pas écrit si je n’avais pas voulu expurger nos relations de leur dimension conflictuelle… il fallait que je me déleste de tout ça… Sa disparition a aussi permis que je puisse quitter mon masque et commencer à vivre en authenticité, d’autant plus que la société n’était plus un frein à mon coming out puisque j’avais pris ma retraite. C’est vrai que quand on est encore en activité, on doit aux autres ce qu’on devient dans la vie professionnelle ! L’écriture m’a alors permis une sorte de révision de vie sans jugement moral, c’était un mouvement d’introspection. J’avais acquis le goût du « dire juste », de chercher le mot juste pour être au plus près de ce que je voulais exprimer. Ce qui m’intéressait aussi dans l’idée d’écrire, c’était aussi la possibilité de régler mes comptes avec un certain usage trop conventionnel du langage… Ces trois livres, c’étaient mes tripes qui parlaient !!! (rires).

Tu voulais peut-être te  débarrasser de ce qu’on appelle « le bla-bla » pour te saisir de la possibilité de dire des choses plus essentielles ?

Oui, je crois qu’à une époque, j’avais le souci de plaire, et c’est ça qui me bloquait : j’étais toujours sous l’influence de la relation à ma mère. « Quoi dire pour plaire, quoi dire pour qu’on m’aime toujours ? »… et puis je me suis débarrassé de cette contrainte.

Y a-t-il des auteurs qui t’ont donné envie d’écrire ?

Je ne pourrais pas citer de nom précisément… actuellement par exemple, j’ai plein de lectures en chantier, mais je suis surtout plongé dans Le Nazi et le psychiatre. A la recherche des origines du mal absolu. C’est l’histoire d’un psychiatre désigné par le tribunal de Nuremberg qui essaie de comprendre jusqu’où et pourquoi les autorités allemandes sont allées dans le mal. Tout ce qui touche à l’homme au sens générique du terme, dans son intériorité, dans son fonctionnement, m’intéresse, peut-être parce que ça m’aide à réfléchir sur mon vécu. Et aussi, quel que soit l’écrivain, j’étais sensible au « dire juste » dont nous venons de parler.

As-tu un livre de chevet ? Si tu partais sur une île déserte, quel livre emporterais-tu ?

Le livre vers lequel je reviens régulièrement depuis des années, c’est Le Prophète de Khalil Gibran, c’est ressourçant, c’est apaisant. Sur une île déserte ? Je partirais avec un dictionnaire comportant les difficultés de la langue française, plus un crayon, plus du papier, et plus une gomme… Je ne sais pas si je survivrais avec ça !! Mais ça serait un peu ma dernière nourriture…

Ah… est-ce qu’on ne peut pas dire justement que tu as survécu au travers de l’écriture de ces trois livres qui s’achèvent avec L’homme qui voulait enfanter ?

Je crois que c’est possible, ça m’a aidé à vivre, à passer des caps difficiles, et maintenant, même si j’ai fait encore un accroc de santé, je vais pas trop mal, je vais pas trop mal… là j’ai encore des troubles du rythme cardiaque et c’est vrai qu’il y a des facteurs génétiques, mais je me dis que mon histoire personnelle a dû favoriser ceux auxquels j’étais prédisposé (rires), je me dis : « dans quelle mesure est-ce que je n’ai pas empêché mon cœur de battre normalement ? » (rires)… Voilà, c’est mon explication… je ne dis pas ça à mon cardiologue parce qu’il me prendrait pour un je ne sais pas quoi !! Je crois que c’est ça, j’ai contrarié ma vie et par là-même mon cœur, là où il voulait aller.

Mais c’est du syndrome broken heart que tu es en train de me parler !

Oui, moi je refuse le hasard, je me dis qu’il y a toujours une explication, soit nous la trouvons dans un élément signifiant de notre passé, soit ce hasard sera significatif à l’avenir. Tout est sens… et alors, s’il y a un Dieu qui gère tout ça, c’est fabuleux.

La psychanalyse a-t-elle tenu une place dans ta vie et dans ton désir d’écrire ?

La psychanalyse ? Certainement ! Il y a eu dans ma vie une première phase de quatre ou cinq ans d’analyse, une deuxième phase d’un ou deux ans. J’y allais parce que j’avais, disons, un problème avec LA femme d’une manière générale… un problème que j’avais envie de clarifier. Ça s’est passé comme toujours chez les psychanalystes, deux ou trois séances en face à face, et puis elle m’a dit : il va falloir songer à s’allonger ; je m’allonge et… elle me dit : « qu’est-ce qui se passe ? »… J’étais en larmes, le trop plein de souffrance se libérait et c’est sur MON PERE que j’ai pleuré alors que ma démarche était : « je viens pour ma mère ». J’ai trouvé ça quand même assez paradoxal ! Après, bon, j’ai parlé des deux, du père, de la mère, et c’était, je crois, poursuivre dans la connaissance de soi. J’ai été fasciné par cette démarche. S’il n’y avait pas eu psychanalyse, je n’aurais certainement pas écrit… Je ne puis écrire que si mes pensées viennent du plus profond de moi-même, de mes tripes comme je le disais tout à l’heure. Sinon, mon texte est mauvais.

Te souviens-tu du tout premier moment où tu as écrit les premières lignes du Choix du fils ? Est-ce que tu peux nous décrire ce moment inaugural de l’écriture ?

Il me semble que je n’ai pas grand-chose à en dire… Je me souviens de mon emplacement à la table, là, c’est quelques jours après le décès de ma mère… où j’écrivais encore avec le papier-crayon-gomme, j’avais l’ordinateur mais euh… je ne me sentais pas à même de taper sur le clavier en même temps que mes idées apparaissaient. Les sentiments qui m’habitaient à ce moment-là ? L’écriture du Choix du fils, ça s’est fait dans la souffrance, dans la douleur, dans les larmes… je sortais les différents objets ayant appartenu à ma mère. C’était pour moi que j’écrivais, et puis au fur et à mesure, je me suis dit que ça pourrait servir, donc ça a pris valeur de témoignage, je me suis dit qu’il y avait peut-être des gens qui vivaient comme moi. Je pensais au lecteur, ça a peut-être été aidant parce que ça m’a obligé à expliciter ma pensée. En réalité, à cette table, je faisais face au lit dans lequel ma mère est décédée… et maintenant, je suis installé complètement à l’opposé, ce qui fait que je tourne le dos… parce que… parce que je ne sais pas quoi…

Tu tournes le dos depuis quand ?

L’Amant, je crois que je tournais le dos. Avec une marge d’erreur, Le Choix du fils a été écrit matériellement et psychologiquement face à ma mère ; je l’avais en tête, elle était là… elle est toujours là… et après, j’ai tourné le dos, oui, ce n’est pas parce qu’on tourne le dos à quelqu’un que la personne n’existe plus, mais on va vers autre chose…

On va vers le père ?

Dans mes trois livres, il y a une quête du père : à travers l’amant, je recherchais toujours le père. Mais au bout du compte, il reste manquant, à travers ma quête, je ne l’ai jamais trouvé, je ne peux pas m’identifier à lui… il reste en arrière-plan, c’est comme si la mère l’avait effacé.

Le Choix du fils, L’Amant du silence, L’Homme qui voulait enfanter… Peut-on parler d’une trilogie, et comment l’idée en est-elle apparue ?

Je n’ai jamais pensé au départ que ce serait une trilogie, mais j’ai l’impression qu’il s’agit bien d’un même cheminement en trois parties : Le Choix du fils, c’est essentiellement l’enfant, avec la mère, le père, ma relation ou mon manque de relation à mes parents, la famille, l’aspiration à retrouver la famille, mais aussi la révélation de mon orientation sexuelle. L’Amant du silence, c’est l’adulte complètement égaré dans ses amours, donc l’adolescent et ses amours, plutôt. L’Homme qui voulait enfanter, c’est l’homme, c’est vraiment la maturité… ça fait bien trois étapes ! On peut les lire dans le désordre, mais c’est quand même mieux de commencer par Le Choix du fils. Quand je l’écrivais, je savais qu’il y aurait un autre livre par rapport à Isis, l’amant passé sous silence, c’est un désir de réparation qui était là, le concernant ; et le troisième livre, ça a été un achèvement, on ne s’accomplit que s’il y a descendance ; mais je me demande si j’aurais mis en forme ce désir d’enfanter s’il n’y avait pas eu Killian… c’est aussi une identification à la mère. Je ne pourrai pas écrire sur ma mort (rires) mais ce serait le dernier s’il y en avait un quatrième (rires), un livre sur ma fin de vie…

« Je » se dénude, …. se perçoit renaissant. …. « Je » est entré dans la vie : moi. Ce projet que tu énonces dans Le Choix du fils, me semble s’appliquer parfaitement à L’Homme qui voulait enfanter où il s’agit peut-être finalement de « l’homme qui s’est enfanté ».

Je ne dirais pas que cette phrase était prédictive, mais c’était la réalité du moment, qui s’est confirmée tout au long des deux autres, ça ne s’est pas démenti, à cela près que j’ai peut-être repris certains vêtements pour ne pas totalement me dévoiler. Le « je » a pris d’autres formes ; dans le premier livre, c’est vraiment moi qui parle ; le fils se relie essentiellement à la mère ; le « Jean-Raoul » du deuxième, c’est quelqu’un qui se situe à un autre plan, de par le prénom, il essaie de se relier à la fois au père et à la mère ; et le troisième, c’est « je » enfanté, adulte dans la maturité. Dans Le Choix du fils, il se percevait renaissant, et dans L’Homme qui voulait enfanter, au bout des onze ans d’écriture, il est né, enfin, comme on peut l’être… Oui, j’ai l’impression de m’être moi-même enfanté, de m’être désincarcéré de mon passé, d’être devenu « moi » dans la mesure où on peut se connaître, d’être devenu, en fin de compte, homme. Je me suis accompli à travers mes bouquins, mes « enfants de papier »…

Ta famille élargie a-t-elle joué un rôle dans cet enfantement de toi ?

Au décès de ma mère, j’avais un besoin d’enracinement. J’étais seul, ma « racine pivot », comme on dit en botanique, n’était plus là ; donc je suis parti à la recherche de la famille, j’ai fait des recherches généalogiques, j’ai retrouvé la famille paternelle avec laquelle elle s’était fâchée, la famille maternelle avec laquelle elle s’était fâchée… Chacune  a fait la part des choses entre moi et ce qui s’était passé avec ma mère, et donc, certainement que ma famille élargie a joué un rôle dans mon épanouissement, je me sens moins seul maintenant, même s’il n’est pas question de mes livres… : « On sait, on t’aime comme tu es, mais on n’en parle pas. » Ma famille élargie aurait pu prolonger l’enfantement, mais je suis finalement tout seul à gérer mon affaire ! Malgré le remembrement familial, je reste seul avec ce que je suis.

Quels liens fais-tu entre tes trois livres, quelles places respectives y occupent l’auteur, le narrateur, les personnages ?

Le Choix du fils, ça a vraiment été l’ouvrage fondateur. C’est tout moi, je suis à la fois l’auteur, le narrateur et le personnage, c’est purement autobiographique. L’Amant du silence, l’auteur, c’est moi, le narrateur, c’est Isis, et les personnages, c’est à la fois l’auteur et le narrateur… mais les deux sont masqués : Jean-Raoul et Isis. Le choix du prénom « Jean-Raoul » réunit en moi le père et la mère, puisque « Jean » est le prénom que mon père voulait me donner, « Raoul » est celui que ma mère m’a donné, mais aussi celui que mon père avait porté… avec le patronyme « Garnier », cela fait donc trois présences paternelles pour une présence maternelle… Ils sont masqués parce qu’on est vulnérable lorsque l’on dit ce que l’on est, autrui peut nous attaquer, et je me demande si dans ce deuxième livre, je n’avais pas envie de brouiller les cartes, pour qu’on ne sache plus bien qui j’étais. C’était aussi donner une autre forme à l’écriture, ça aurait été trop nombriliste de poursuivre sur le mode de l’autobiographie, et je n’avais plus envie de parler en terme de « je », donc c’est un autre qui me raconte. Dans L’Homme qui voulait enfanter, c’est aussi le cas… à chaque fois, le narrateur est quelqu’un avec qui j’ai eu des liens. Là, pour le personnage, Hergé, j’ai joué sur les initiales de l’auteur, R.G… et c’est vrai que, sans le vouloir, j’ai retrouvé le patronyme du père de Tintin ! (rires)

Sans le vouloir… on disait tout à l’heure qu’il n’y a pas de hasard ! Alors, est-ce que ça fait partie des choses qui ont un sens même si tu ne l’as pas voulu au départ ? Est-ce que « ça » parle ? En tout cas, avec Tintin, Hergé a lui aussi enfanté un fils de papier…

Oui… Mais le Hergé de L’Homme qui voulait enfanter va plus loin, de par sa tumeur, il enfante un substitut d’enfant, ou ce qu’il pensait être un enfant. Et puis il y a Aubin… Aubin, c’est l’enfant que je n’ai pas eu, le fils que je n’ai pas eu avec Killian, que je voulais avoir avec lui, et qu’il a eu dans une relation hétéro. Donc c’est triangulaire : le père, la mère, l’amant.

Raoul Garnier, R.G, Jean-Raoul… quelle serait l’identité dans laquelle tu te reconnaîtrais le plus ?

J’ai toujours cherché à associer le père et la mère. Sur ma carte d’identité, mon nom d’usage est DECOSSE, il s’agit du nom de ma mère. Dans l’idéal, j’aimerais porter le double prénom et le double nom : Jean-Raoul Garnier-Decosse. C’est malheureusement trop long.

Autobiographie, autofiction, fiction romanesque, quelle place respective donnerais-tu à ces trois sortes d’écriture dans ta trilogie ? Tu as bien situé Le choix du fils comme une autobiographie, le terme d’autofiction a commencé à apparaître à propos de L’Amant du silence, est-ce qu’il te convient, et enfin peut-on parler de roman  à propos de L’Homme qui voulait enfanter ? A d’autres moments, tu disais que c’était paradoxalement sans doute le plus autobiographique des trois, parce que le plus proche de ta subjectivité…

C’est vrai que dans Le Choix du fils, c’est ma vie, c’est une autobiographie. Mais je préfère « roman autobiographique » pour L’Amant du silence ; « autofiction » est peut-être juste pour décrire la forme, mais pas le fond, qui est vrai ; alors que « roman autobiographique » rend mieux compte de la présence d’une vérité vécue au-delà d’un certain arrangement de forme, d’ un certain emballage… Quant à L’Homme qui voulait enfanter, il ne faudrait pas que le mot roman gomme la réalité de ce désir d’enfant, de ce désir d’être la mère, la réalité de cette admiration de la femme.

Oui, mais par exemple, Madame Bovary est un roman; pour autant, Flaubert dit « Madame Bovary, c’est moi ». Donc est-ce que L’Homme qui voulait enfanter est un roman ?

En partie, parce que ma relation avec Killian, ce n’est pas un roman ! L’Homme qui voulait enfanter, c’est vraiment moi aujourd’hui, homo vieillissant, homo sans descendance, homo séparé de sa mère mais qui l’a toujours admirée, qui veut être une femme, pas en terme de transgenre, mais être une femme de par ce qu’elle vit au niveau de la maternité que les hommes lui jalousent, ça, c’est moi ! En fait, L’Amant du silence et L’Homme qui voulait enfanter sont deux productions différentes mais qui entrent toutes les deux dans la catégorie du roman autobiographique. Si j’ai pu dire que le dernier était le plus autobiographique des trois, c’est parce qu’il décrit ce que je suis devenu aujourd’hui, il est plein de moi, plein de vérité… C’est vrai que c’est une histoire folle, mais un peu comme quelqu’un peut tomber fou parce qu’il n’a pas d’enfant…

Au risque de te demander d’entrer de manière très intime dans tes processus de création, les différents personnages sont-ils des facettes de toi ? Quelle est leur part d’existence charnelle ?

Je crois que ce sont des facettes de moi, ou des aspirations… Killian, Isis, Jean-Luc… ce sont des facettes de moi dans la réalité… ou fantasmées… Et c’est peut-être ce fantasme qui peut faire roman, éventuellement… Ils sont aussi un peu ce que j’ai voulu en faire, cela ne veut pas dire qu’ils se comportent obligatoirement comme ça…

Alors cette trilogie serait comparable aux trois pièces d’un puzzle dont tu te composerais ?

Trois pièces créées au fur et à mesure, au départ, il n’y a pas de puzzle…

Est-ce qu’il y a d’autres pièces qui nous sont encore inconnues y compris de toi-même ?

Je ne peux pas dire… les trois m’apparaissent maintenant bien bouclées… peut-être qu’il y en d’autres, qu’elles sont à écrire, mais je les ignore pour le moment. Est-ce que j’ai encore envie d’écrire ? Quand on écrit, il y a toujours le passé qui remonte, et on n’en finit pas.

Quel rôle joue la mort dans le processus de création pour toi, ou dans le désir d’écrire ?

Dans Le Choix du fils, c’est ma mère qui meurt. Dans L’Amant du silence, c’est moi qui « faille », qui a le souhait de mourir, parce qu’on ne sait pas très bien si Jean-Raoul s’est suicidé ; symboliquement, je crois que c’est de cela qu’il est question. Et dans L’Homme qui voulait enfanter Hergé échappe, mais il aurait fallu peu de choses pour que sous ma plume il meure, en tout cas le flirt avec la mort est abordé avec sa tumeur et avec ce qu’il pense être un avortement, on lui prend son enfant ; ce troisième livre, c’est quand même plus la mort de l’enfant, sous une forme ou sous une autre, c’est l’enfant qui meurt, et moi, je m’en réchappe.

Comme si la mort avait engendré la vie… mort de ton père, de ta mère, infarctus, infarctus, dé-vivre : est-ce que finalement ce ne sont pas ces traces de la mort qui t’ont fait écrire ?

Certainement, je pense qu’autrement, j’aurais écrit des nouvelles, mais ça n’aurait jamais été « je » ; j’avais à me délivrer de mon identité et à la livrer, c’est la mort de ma mère qui m’a permis de le faire ; ensuite, est venu le temps de la réparation par rapport à Isis, et finalement le temps de la parturition, de ce désir d’avoir un enfant, mais à s’en rendre malade et à en mourir. Je crois qu’il y a là une certaine mise en forme de ma mort, elle est vraiment au cœur de ces deux derniers livres ; en fin de compte, c’est un homme qui me tire de là-dedans, Killian qui m’accompagne  – relayé ultérieurement par Jean-Luc –  c’est pas comme si je récupérais mon père, mais c’est un homme qui me donne vie. Toutes ces morts ont engendré une certaine vie, mais sans exaltation, sans espérance ; je vis au jour le jour… je suis enchaîné par la fidélité à ma mère…. Et le sans homme !

N’as-tu pas d’autres projets d’écriture pour demain ? Y a-t-il d’autres formes littéraires qui t’attireraient ?

Non, il me semble avoir fait le tour de ce que j’avais à dire, il y a une sorte d’achèvement. En tout cas, je ne me sens pas attiré par d’autres formes littéraires, on, ou alors il faudrait vraiment que je me décentre de moi et que j’aie terminé mon cheminement ; peut-être pourrais-je aller vers le roman, mais à travers les personnages, ce serait toujours moi, c’est vrai, comme disait Flaubert : « Madame Bovary, c’est moi » !

L’écriture est-elle une activité agréable ?

Ça ne jaillit pas comme un volcan, j’écris surtout le soir, parfois deux ou trois lignes seulement, parce qu’il faut que je change le mot, parce que c’est pas ça… c’est très difficile de communiquer, cette recherche par l’écriture, c’était presque apprendre à parler. Ça dépend des passages, ce qu’on a à écrire c’est quelque fois douloureux ; mais oui, j’aime bien écrire, parce que comme je suis quelqu’un qui ne s’exprime pas très bien à l’oral, ça me permet d’aller préciser le terme. C’est agréable dans la mesure où ça me parle, mais c’est quand même une activité qui « bouffe », qui bouffe le temps ; l’écriture, c’est de tous les instants, dans le sens où quand on a pu jeter sur le papier, c’est le fruit d’une réflexion de plusieurs jours, et après, on modifie encore parce que c’est pas ça… et puis je trouve que ce qui est terrible dans l’écriture, c’est que quand on envoie le livre à l’éditeur, c’est un déchirement, c’est comme une dépression du post-partum ; pendant de très nombreux mois, toute activité a été centrée sur cette réalisation-là, et tout d’un coup, on en est dépossédé… et on ne sait pas ce que les gens vont en penser, le livre échappe un peu comme un enfant.

Est-ce que finalement le lecteur ne serait pas un peu le père des ouvrages dont tu es la mère ? On dit bien quelquefois que « c’est le lecteur qui fait le livre »…

Oui, oui, mais cela ne veut pas dire que la pensée de l’auteur et du lecteur se rencontrent toujours, et ça me chagrine. Le regard d’autrui me permet d’exister, mais en tant qu’auteur, pas en tant que « moi-je »… des gens peuvent être gênés par rapport à certaines scènes, par exemple dans L’Amant du silence… le regard d’autrui n’est pas forcément constructeur, il peut s’arrêter à la pornographie et refuser la transcendance de l’amour dès lors qu’il est question d’homosexualité.

Nous nous définissons par ce que nous avons été mais aussi par ce que nous aimons, c’est-à-dire par ce vers quoi nous tendons. Veux-tu pour terminer me dire ce que tu aimes, as-tu d’autres projets en dehors de l’écriture ?

Il y a un mal-être que je trimballe, que j’exprime soit directement, soit indirectement ; je n’ai pas forcément envie de vivre, enfin, je vis pour moi, mais sans projet particulier ; avec ces trois bouquins, j’ai clos quelque chose. Je n’ai pas de passion particulière pour quoi que ce soit. Je n’attends plus, je n’espère plus, mais il me reste le moment présent. Je prends la vie comme elle vient, je ne sais pas si c’est de la sagesse…
Peut-être m’inscrirai-je à Théovie, une formation biblique et théologique à distance de L’Eglise Protestante unie de France. Une manière de préparer mon passage et ma rencontre avec Le PERE « sublimé.» Oui, envisager « l’après-moi » sera, est – je le sens – mon ultime projet : l’aboutissement de ma quête.
Merci  Elisabeth pour cette découverte !

L’Homme qui voulait enfanter.
Raoul Garnier. Éditions L’Harmattan. France

Présentation de l’ouvrage:
https://aws.psycho-ressources.com/blog/homme-qui-voulait-enfanter/


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Les processus de guérison – Accueillir et déployer ses émotions pour guérir

Les processus de guérison
Accueillir et déployer ses émotions pour guérir

Djohar Si Ahmed & Gérald Leroy-Terquem

SOMMAIRE

Comment penser la maladie ? Comment penser la souffrance du corps ou de l’âme ? Comment penser les voies de la guérison ? Après avoir pointé les limites de la pensée médicale sur ces questions essentielles, les auteurs reconsidèrent cette idée longtemps occultée : toute maladie a un sens. Elle n’est pas seulement le fait d’agressions physiques ou psychiques… Elle résulte avant tout de la façon dont nous traitons, en notre for intérieur, les épreuves et les chocs traumatiques subis depuis notre gestation et notre enfance et qui se font écho de loin en loin. Jusqu’à ce qu’un écho plus puissant que les autres ne déclenche la maladie.

Penser le trauma, c’est commencer à le panser. De ce fait, beaucoup de maladies graves (mais aussi bénignes) de l’âme et du corps doivent pouvoir bénéficier d’un abord psychothérapeutique, à condition toutefois que cette thérapie ne se limite pas à une seule approche. Il faut du courage pour intégrer l’apport de différentes thérapies, les articuler à l’héritage de Freud, mais aussi de Ferenczi, Jung, Groddeck, et plus récemment de Grof. Du courage est aussi nécessaire pour penser différemment la relation entre corps et psyché si déterminante dans la maladie mais aussi dans la guérison. Pour celui qui est atteint dans son âme et dans son corps, il faut aussi le courage de s’engager dans une démarche où il sera inévitablement confronté à ses démons intérieurs et aux racines mêmes de sa souffrance. Dès lors, la guérison peut advenir. C’est à ce voyage, véritablement initiatique, que vous convient les deux auteurs.

Disponible sur : http://www.iclppsy.fr

LES AUTEURS

Djohar SI AHMED

Elle est Docteur en Psychologie et en Psychopathologie, psychanalyste, hypnothérapeute et praticienne de la Respiration Holotropique et formatrice.

Elle a fondé l’Institut des Champs Limites de la Psyché (ICLP).
Auteur de Psychanalyse des expériences Exceptionnelles (L’harmattan, 2014).

Gérald LEROY-TERQUEM

Ancien Interne des Hôpitaux Psychiatriques, psychanalyste, hypnothérapeute, praticien de la Respiration Holotropique et formateur.

Il est aussi cofondateur de l’Institut des Champs Limites de la Psyché (www.iclppsy.fr).
Auteur de Comment développer son intuition quand on a l’esprit fermé (Solar, 2014).


CARACTÉRISTIQUES DE L’OUVRAGE

Titre: Les processus de guérison – Accueillir et déployer ses émotions pour guérir
Auteurs: Djohar Si Ahmed & Gérald Leroy-Terquem
Editeur : Dangles (11/05/2015)
Format : H. 21.00 cm x L. 15.00 cm
Pages : 318 
Poids : 477.00 gr.
EAN : 9782703310488
ISBN-10 : 270331048X
Réf. : 54526
Thèmatique : Développement personnel / Psychothérapies

COMMANDE –  http://www.iclppsy.fr

A propos de L’I.C.L.P.

Djohar SI AHMED et Gérald LEROY-TERQUEM ont fondé l’ Institut des Champs Limites de la Psyché (I.C.L.P.) en 1988, parallèlement à leur pratique en hôpitaux psychiatriques, C.M.P.P et dispensaires d’hygiène mentale pour adultes et enfants. Leur cheminement les a conduit au fil des années à promouvoir une démarche intégrative, se référant, tant sur un plan pratique que théorique, aux apports des différentes écoles de pensée ayant marqué l’histoire des sciences humaines, de la psychanalyse et de la psychothérapie.

Dans un souci constant de recherche et de réflexion sur l’efficience thérapeutique des différentes approches (cure analytique et autres), mais aussi sur leurs limites, ils se sont intéressés aux états de conscience dits non ordinaires (ECNOS). Et ceci dans la perspective de leurs applications thérapeutiques. Ce qui les a conduit à intégrer à leur pratique les apports des thérapies dites brèves: Hypnose, P.N.L et T.R.H.

I.C.L.P.
15, rue Bargue
75015 PARIS
Tél. / Fax : 09.63.50.27.90


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Congrès PSYRENE – Des compétences aux performances… Lyon, 3-4 juillet 2015


Des compétences aux performances :
Petits arrangements avec les apprentis-sages
LYON – 3-4 juillet 2015

Programme Congrès 2015

Des clefs à la fois pour les professionnels, les chercheurs, mais aussi accessibles au plus grand nombre, par les grands spécialistes de la psychologie, de la neuropsychologie, du cerveau, de la mémoire, des techniques d’apprentissage et de gestion du mental, du développement de potentiels, et même de la physique quantique !

Ceci est un programme provisoire.

VENDREDI 3 JUILLET 2015

OUVERTURE : Pr François-Noël GILLY, Président de l’Université Lyon I

  • Pr Jean-Pierre CHANGEUX : L’apprentissage par stabilisation sélective de synapses au cours du développement et la diversité culturelle.
  • Dr Bernard CROISILE : Mémoires et apprentissage.
  • Dr Frédéric FANGET : La conceptualisation cognitive.
  • Pr Joseph REMILLIEUX / Dr Dominic SAPPEY-MARINIER : Le cerveau quantique – Les réponses de la physique quantique à la compréhension de la conscience.
  • Dr Fanny NUSBAUM : Mécanismes cérébraux de la motivation et « chemin de réussite ».
  • Dr Michel CYMES / Dr Olivier REVOL : Les performances extraordinaires du corps et du cerveau humains.

SAMEDI 4 JUILLET 2015

  • Pr René ROUSSILLON :  L’épigenèse interactionnelle : de la préconception à la réalisation.
  • Dr Jean-Arthur MICOULAUD-FRANCHI : Neurofeedback et performance.
  • Dr Guy MISSOUM : Modélisation systémique de la réussite sportive : Compétences et entraînement mental, partenaires de l’optimisation des performances.
  • Dr Patrick BELLET : Hypnose, apprentissage et « outre-conscience ».  Apport dans le traitement des membres fantômes.
  • Dr Lisa OUSS : Des (in)compétences à la psychopathologie : chemin direct, ou école buissonnière?
  • Dr Olivier REVOL : Haut potentiel et génération Z.

Tous les détails et les modalités d’inscription sur le site web:
http://psyrene-evenements.fr/

PSYRENE EVENEMENTS

Évènements en PSYchologie, REcherche et NEurosciences.

L’Association PSYRENE-Événements a été créée en 2010.

Elle a pour but de favoriser les échanges de professionnels à professionnels et entre professionnels et grand public, notamment par le biais de conférences et congrès, dans les domaines de la Psychologie, de la Recherche et des Neurosciences (d’où l’acronyme « PSYRENE »).

Cette dynamique est à l’initiative de Fanny Nusbaum, Olivier Revol, Dominique Sappey-Mariner, Pierre Fourneret et François Chapuis.

PSYRENE-Événements
Adresse : 25, rue Philippe de Lassalle 69004 LYON
Site internet :
http://www.psyrene-evenements.fr 


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Plus de 250 psychologues manifestent…

Plus de 250 psychologues manifestent…

« Des psychologues du réseau de la santé et des services sociaux se sont réunis le 29 mai à midi devant le bureau du ministre de la Santé Gaétan Barrette, à Brossard, pour dénoncer l’iniquité de l’accès à la psychothérapie au Québec.

Les délais d’attente pour une psychothérapie s’étalent sur plusieurs mois dans le réseau public, alors que les services au privé offrent un accès immédiat, ont soulevé les spécialistes, inquiets que cet écart ne s’aggrave.

Cette iniquité résulterait du manque de psychologues évoluant au sein du réseau public. Parmi les 8635 psychologues du Québec, 2179 d’entre eux exercent au sein du réseau de la santé. » (…)

Extrait de : Ali Dostie. 29 mai 2015. Brossard Éclair.
LIRE L’ARTICLE COMPLET SUR BROSSARD ÉCLAIR
http://www.brossardeclair.ca/actualites/2015/5/29/plus-de-250-psychologues-manifestent.html


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Dans les sillons du traumatisme. Yolande Gueutcherian

Dans les sillons du traumatisme
Yolande Gueutcherian, Psychanalyste
Éditions Vie

SOMMAIRE

Confrontée à ce que vivent les personnes traumatisées psychiques, le mythe de Sisyphe s’impose invariablement à moi.  Sisyphe, condamné par les dieux à une épreuve épuisante dans les Enfers, épreuve inachevée et éternellement renouvelée, labeur inutile et sans espoir, absurde : rouler sans cesse un rocher (symbole de l’immobilité, de l’immuable), jusqu’au sommet d’une montagne d’où la pierre retombe par son propre poids ; et Sisyphe de recommencer – encore et encore – cette tâche écrasante et infructueuse : soulever l’énorme pierre, la rouler, l’aider à gravir la pente, pour la voir lui échapper aussitôt.

A l’instar de Sisyphe, le traumatisé psychique est lui aussi conscient du drame de sa vie : il est réduit à faire des efforts surhumains pour maintenir sa tête hors de l’eau, comme le nageur pris dans les eaux déchaînées d’une mer démontée, et qui reprenant à peine son souffle, se voit à nouveau aspiré vers les profondeurs, par la mort, comme Sisyphe le fut, une fois Thanatos libéré de sa prison par Zeus. Thanatos et sa fonction mortifère !

L’AUTEUR

Yolande Gueutchérian

  • Psychanalyste d’enfants, d’adolescents et d’adultes (Association Psychanalytique Internationale (IPA))
  • Membre de la Commission pour la Psychanalyse avec l’Enfant  COPEA (SPP)
  • Membre de la Société Psychanalytique de Paris (SPP)
  • Membre de l’Association Psychanalytique Internationale (IPA) 
  • Membre de l’Association Européenne pour la Psychanalyse de l’Enfant et de l’Adolescent (SEPEA)
  • Fondatrice de la Société de psychothérapie analytique de l’enfant et de l’adolescent (SPADEA)

QUELQUES EXTRAITS

Alerte à la mort psychique lorsque l’analyste pervertit dans sa pratique le cadre analytique. Comment séparer, parmi les analystes, le bon grain de l’ivraie ? Question difficile que pose aussi André Green : « le propre de la communication analytique est d’accomplir le retour sur soi au moyen du détour par l’autre (…) Si donc le passage de l’autre est partie intégrante de la réalité psychique et de l’expérience analytique, il importe de se soucier de ce que cet autre fera du cadre qu’il a crée pour y recevoir le don de parole de l’analysant »[2].
(…)

Ce que l’autre en fera (du transfert) ne dépend-il pas de ce qu’il est en tant que personne, bien qu’analyste de profession ? Ne dépend-il pas de son histoire, de sa formation analytique, de ses taches aveugles et peut-être de la structure de sa personnalité ? Peut-on faire l’économie de ces interrogations lorsque la « faute » n’est point unique et que l’analyste est dans la répétition ? « Seule une remise en question constante et parfois violente de nous-mêmes peut permettre que soit maintenue comme valeur fondamentale, la protection de la survie psychique de chaque analysant. Nous devons respecter au plus haut point l’équilibre, si précaire soit-il, construit par l’enfant bafoué qui se tapit dans chaque adulte »[3].
(…)

Pour l’analysante aux prises au langage érotisé de l’analyste, – « vous êtes bien faite, vos cheveux vous vont bien »- , ces mots constituent une porte ouverte vers un lieu où les désirs de l’enfant dans l’adulte s’engouffrent. Ils sont vécus comme un équivalent du passage à l’acte, ces personnes présentant probablement des troubles de la symbolisation. Dans ces cas, nous sommes dans le registre de l’incestuel.
(…)

L’analyste doit être à la fois objet de transfert et d’étayage. Sans cela, pas de symbolisation possible. L’étayage existe s’il représente la personne (mère) contenante qui calme,apaise et a une fonction de pare – excitation. Si les pulsions sexuelles sont neutralisées par la mère – analyste, l’enfant est assuré de ne pas tomber dans le vide parce qu’il peut se tourner vers le père. L’étayage est co – extensif du transfert.

DÉTAILS

ISBN-13: 978-3-639-82445-2
ISBN-10: 3639824458
EAN: 9783639824452
Langue du Livre: Français
de (auteur) : Yolande Gueutcherian
Nombre de pages: 104
Publié le: 12.02.2015
Catégorie: Psychologie Analytique
Éditeur: Éditions Vie – http://www.editions-vie.com

POUR COMMANDER:
https://www.editions-vie.com/catalog/details//store/fr/book/978-3-639-82445-2/dans-les-sillons-du-traumatisme


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Les bienfaits de la méditation

Les bienfaits de la méditation

« Nous vivons comme si nous oublions que nous sommes ici, que nous sommes déjà en plein moment présent. Nous n’avons plus de contact avec notre moi profond, avec toutes nos possibilités latentes, nous perdons contact avec notre vie intérieure. Nous payons cher cette évacuation délibérée de la richesse du moment présent. »
Jon Kabat-Zinn

Saviez-vous que le repos profond procuré par la méditation, le yoga ou la relaxation peut modifier l’expression des gènes et renforcer le fonctionnement immunitaire ? Mais il y plus que cela ! Les états physiologiques obtenus par les exercices anti-stress modifient en profondeur l’interaction entre le corps et l’esprit, ce qui contribue à contrecarrer les effets cliniques sur plusieurs plans.

Des effets psychologiques, soit une baisse du stress vécu, de l’anxiété, des rechutes dépressives, des troubles alimentaires. On observe une meilleure gestion de la douleur, une meilleure stabilité émotionnelle et de l’humeur en général.

Des effets sur le corps, soit une diminution de la pression artérielle (augmentation du monoxyde d’azote) ; une baisse de la concentration de la protéine C, un marqueur précoce du développement des maladies cardiaques; un rythme cardiaque plus lent; une baisse du diabète et une amélioration de la qualité du sommeil et de l’énergie.

Des effets sur le cerveau, soit un changement de la structure même du cerveau avec la création de nouveaux circuits neuronaux ; une diminution de la densité de l’amygdale impliquée dans les émotions négatives; une diminution de l’amincissement du cortex préfontal, normalement attribuée au vieillissement, ce qui ralentit le déclin des fonctions congnitives; une augmentation de l’épaisseur de l’hippocampe, impliqué dans la régulation affective, ainsi que du cortex cingulaire postérieur lié à la créativité et à l’introspection, et du cortex temporo-pariétal associé à l’empathie.

Marielle Paradis, Psychologue
https://www.psycho-ressources.com/psychologue/montreal/marielle-paradis.html

* * *

Centre Espace Conscience

Le Centre Espace Conscience est un lieu de pratique de la pleine conscience de l’instant présent comme peut l’être chaque endroit de notre vie. Le défi proposé par la pleine conscience est d’apprendre à nous défaire de nos automatismes pour vivre plus intensément chaque moment qui passe, tel qu’il se produit pour nous,  avec le plus d’ amplitude et clarté possibles. Par une multitude d’activités, que ce soit méditer de façon formelle, s’alimenter en pleine conscience, marcher, dessiner, peindre, pratiquer le yoga en profondeur, il s’agit simplement de toujours porter une attention particulière à ce qui est, dans une atmosphère ludique et de détente. Cultiver cette présence attentive afin de mieux occuper nos espaces sensoriels, émotionnels et expérientiels sous toutes leurs formes.

Le Centre espace conscience offre donc un temps d’arrêt, d’apprentissage et de pratique, pour se consacrer, en petit groupe,  à la pratique de la pleine conscience, en  s’encourageant et en se motivant à la vivre au quotidien.

http://centreespaceconscience.com/ateliers/


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L’homme qui voulait enfanter

L’homme qui voulait enfanter
Raoul Garnier
Préface d’Emmanuel Gratton

Vivre et l’Ecrire
LITTÉRATURE ROMANS, NOUVELLES QUESTIONS DE GENRE 

SOMMAIRE

R.G., homosexuel septuagénaire, est tenaillé jusqu’à l’obsession, voire jusqu’au délire, par le désir d’enfanter. Lui qui a aidé ses étudiants à accoucher d’eux-mêmes, qui a mis au monde des livres, reste sans descendant à un âge où l’on est grand-père. Il sollicite son ami Killian -lui-même père- pour l’accomplissement de son vœu. Après moult résistances, Killian l’exauce : il donne sa semence. R.G., au péril de sa vie, tombe enceint… mais de quoi ? De qui ? Comment ? Ce roman met en scène une situation subversive et transgressive de l’ordre naturel et social.

L’AUTEUR

Raoul Garnier est né en 1943 en Normandie. Après un séjour d’une dizaine d’années en Afrique (Niger, Côte d’Ivoire), il s’installe en Touraine (1984). Il y poursuit sa carrière professionnelle et exerce les fonctions de cadre supérieur de santé en milieu hospitalier et carcéral. Aujourd’hui à la retraite, il se consacre à l’écriture. Après Le Choix du fils (2008), L’Amant du silence (2012), Raoul Garnier, avec L’Homme qui voulait enfanter (2015) signe ici sa trilogie : « Un fils entre père et mère, entre amants et Dieu », l’histoire d’une vie chaotique entre autobiographie et fiction : la sienne.

PRÉFACE

Un fils entre père et mère, entre amants et Dieu

Lorsque Raoul Garnier m’a laissé son manuscrit L’homme qui voulait enfanter…, il m’a demandé simplement de lui dire ce que j’en pensais. Il m’avait contacté parce qu’il savait que j’avais écrit sur L’homoparentalité au masculin, le désir d’enfant contre l’ordre social (1)  et s’interrogeait sur la possible publication d’un ouvrage qui témoignerait d’un homme… qui voulait enfanter. Bien conscient que cela puisse paraître une hérésie, il cherchait la caution d’un esprit « scientifique » pour valider son projet. Il ne savait pas à l’époque que je m’intéressais aussi aux romans autobiographiques et que ses livres, ce manuscrit étant son troisième ouvrage, m’intéressaient au plus haut point. Je cherchais autant à valider quelques idées qui trainaient dans ma thèse que lui, à valider les idées étranges d’un écrivain prometteur. Il constituait pour moi le 28ème témoin de ma population d’enquête même si, d’enfant, il n’a pas vraiment eu.

Raoul Garnier conclut ici une trilogie de trois ouvrages Le choix du fils, Le silence de l’amant , L’homme qui voulait enfanter… . Cette « trilogie » est autant à entendre comme l’expression de trois logiques que comme une série de trois œuvres inscrites dans une suite diachronique. Sa vie nourrit bien chacun de ses récits mais elle n’en constitue pas une série ou des épisodes même si on peut y reconnaître certains personnages, à commencer par le personnage principal, l’auteur lui-même. Ce qui les lie n’est pas tant lié au sujet dont il s’agit mais au sujet, l’auteur, de qui il s’agit. Les trois romans sont trois facettes d’une même histoire et dénotent davantage les processus identitaires à l’œuvre,  à la croisée du social et du psychique, le roman faisant nœud. L’auteur, au fil de son écriture durant une dizaine d’années,  a trouvé sa voie/sa voix dans le prolongement du roman qui l’a précédé. 

Chaque livre met en jeu une trinité familiale, presque divine parfois, ou plus exactement ceux qui, présents ou absents, ont compté principalement dans la vie de l’auteur. Il  représente un modèle familial classique, hérité de l’histoire sociale, de nombreuses religions, et même de la psychanalyse : la triade « mère, père, enfant ». Dans Le choix du fils, l’auteur invoque beaucoup la relation avec sa mère omniprésente et récemment décédée mais aussi celle avec son père, qu’il n’a jamais connu puisqu’il est « mort » trois mois avant sa naissance. A la recherche de ses racines, il revisite ses branches maternelles et paternelles et questionne, dans un autre registre, l’évolution de sa relation spirituelle avec Dieu, « Notre Père qui est aux cieux ». L’auteur se cherche donc. Son dévoilement suscite un repositionnement identitaire.

Dans L’Amant du silence, nous nous situons postérieurement au Choix du fils mais il est aussi largement question de ce qui s’est produit avant. Les amants dont il est question ont eu une relation passionnelle qui s’est construite dans le temps, de la jeunesse à « la mort » du personnage principal, même s’il s’agit là probablement d’un effet de style de l’auteur qui symbolise par sa disparition dans le roman, les forces titanesques et thanatesques qui l’assaillent dans sa vie réelle. Père est le statut aussi de cet amant, amant que l’auteur a dissimulé à sa mère.
Dans L’homme qui voulait enfanter…, l’auteur approche des 70 ans mais prétend devenir tout à la fois, comme un père puisqu’il est un homme, comme une mère puisqu’il veut enfanter et porter en son sein l’enfant, exploit surnaturel qu’il parviendra d’une certaine manière à concrétiser…

La première histoire raconte le fils, l’enfant qu’il a été, la seconde raconte l’amant, le partenaire qu’il a été, la troisième raconte le parent, père/mère qu’il aurait aimé être. Il y a une suite généa-logique dans la position de l’auteur même s’il avait déjà 60 ans lors du premier ouvrage. Chacun de ses écrits recouvre pratiquement la même période et constitue trois étapes d’un homme qui voudrait s’enfanter, le premier par le dévoilement de son homosexualité, le second par l’établissement silencieux d’une relation amoureuse et charnelle, tumultueuse et fidèle, le troisième par l’expression du désir de procréer et de donner naissance… à un enfant mais aussi à lui-même. Il s’agit là d’un cheminement de 11 ans entre père et mère pour, selon l’auteur, « réparer son passé, se libérer de culpabilités multiples, pour être soi ! ». Il dit successivement qui il est, qui il aime, qui « hériterait » de lui… en avançant graduellement du registre conscient au registre inconscient.

Dans le premier opus on peut qualifier son roman d’autobiographie : « récit rétrospectif en prose qu’une personne réelle fait de sa propre existence lorsqu’elle met l’accent particulièrement sur sa vie individuelle, l’histoire de sa personnalité »(2)  . Raoul Garnier raconte qui il est et qui il a caché si longtemps… à sa mère surtout qui constitue sa seule famille mais aussi finalement  à la communauté des hommes. Il y interroge la place et le poids aussi de ce père disparu trois mois avant sa naissance. Raoul parle ici à la première personne du singulier « je » car il dévoile précisément ce qu’il a longtemps « tu ». L’auteur s’attarde sur son itinéraire, ses voyages et montre comment il devient visible. Son coming out, suite au décès de sa mère, le conduit à reconsidérer les liens d’origine et l’histoire familiale. La couverture du livre est un portrait de sa mère, lorsqu’elle avait 20 ans, dans une stature qui dénote une réelle assurance.  Elle porte les cheveux courts, à la garçonne. C’est une photo d’avant la naissance de l’auteur qui cherche dans ses traits, l’origine des liens qu’il a tissés avec elle, ce qu’elle est, elle aussi. Avec son décès, l’auteur fait l’aveu qu’il n’a pu faire de son vivant, traduisant l’ambivalence des sentiments, l’identité réelle d’un enfant qui s’affirme et se détache de l’image qu’il a jusqu’alors donnée de lui.

Dans le deuxième opus qu’on peut qualifier encore d’autobiographie, même si l’auteur n’est plus le narrateur, Raoul revisite ce qu’ont été ses amours. De son projet, il aurait préféré écrire  Les Amants du silence mais le titre évoquait trop le roman de Charles de Foucauld (3) . L’Amant du silence peut s’entendre comme triple, le sien puisqu’il n’est plus le narrateur tout en restant le personnage central, celui de son amant, cet homme marié, avec des enfants, qui dissimule à sa famille les liens qu’il entretient avec Raoul, ou encore le leur, leur silence, puisque les années se sont écoulées parfois sans qu’ils n’aient eu aucune relation. Le dévoilement, initié par l’auteur/narrateur/personnage central dans Le choix du fils est ici masqué par la mise en mots d’un tiers intime, un amant qui parle de Raoul ou le fait parler.  Le procédé permet à l’auteur de prendre une distance par rapport à lui-même et de donner la parole à celui qui curieusement fait silence sur son amour homo-érotique tout comme l’auteur l’avait fait à l’égard de sa mère. Le Raoul du premier roman s’attribue le prénom de Jean-Raoul dans le roman, Jean comme celui que lui aurait donné son père, Raoul comme celui que lui a finalement donné sa mère. Raoul était aussi le prénom de son père, prénom dont il hérite donc … comme pour assurer la continuité de la lignée. Jean-Raoul, plutôt que Raoul est une manière de réhabiliter le père dans sa fonction de transmission et de quitter l’homonymie confuse avec lui. Il participe d’une réhabilitation du sujet à sa place d’enfant, de fils capable de quitter sa mère qui l’a déjà quitté. La couverture du livre représente la portrait d’un bel homme, celui de l’auteur lui même à 20 ans. La photo s’extrait d’un cadre dont la vitre est brisée pouvant témoigner aussi bien de la rupture entre les amants que de l’écart qui existe entre les apparences et l’être profond. Il traduit aussi « la volonté de sortir du cadre, des normes sociales, de les vaincre pour vivre en dehors de toute norme, de toute convention, en toute liberté ». Il annonce déjà que son désir dépasse les conventions sociales. L’amant de l’auteur se cache derrière le prénom d’Isis, déesse égyptienne comme chacun sait. L’auteur fait part aussi d’autres aventures qu’il a eues souvent avec des gens d’Églises mêlant ainsi le silence à d’autres loyautés et secrets. Jean Raoul, celui qui tient donc la plume, meurt dans le roman laissant Isis, comme dans la mythologie égyptienne, s’occuper des morts et des mots. Cette mort est bien entendu fictive mais elle est aussi la marque d’une certaine réalité pour l’auteur qui, suite au décès de sa mère, ressent aussi le poids de l’existence, le sentiment peut-être d’avoir manqué sa vie affective, de n’avoir pas d’enfant et de se retrouver seul. Il franchit là cependant un cap, s’éloignant de plus en plus de la réalité visible pour se rapprocher de sa vérité invisible. Un certain Jean-Luc, mystérieux, est mentionné sur son répondeur comme vivant avec lui. Le dévoilement autobiographique du premier roman se recouvre donc d’un voile où faits et fictions se mêlent, comme pour rhabiller un sujet qui s’est trop mis à nu ou pour accéder finalement à une vérité plus profonde du sujet.
Cette démarche initiée conduit l’auteur à ce troisième opus L’homme qui voulait enfanter… où il s’agit là vraiment d’un roman personnel, d’une autofiction (4)  selon l’invention de Serge Doubrovsky.  Il laisse « une place prépondérante à l’expression de l’inconscient dans le récit de soi. »Après avoir voulu mourir et être mort littérairement parlant, voilà Raoul qui veut enfanter. Le récit procède ici à un retour en arrière dans la diachronie mais à une avancée dans le sujet traité. La parole est laissée cette fois ci à Killian dont le prénom d’origine celtique résonne davantage dans notre modernité que celui d’Isis. Il est d’ailleurs cuisiniste-designer et sonne le réveil, voire la résurrection de Raoul, qui se fera appeler alors Hergé/R.G. dans le roman, en écho au papa de Tintin et à tous ces secrets, secrets que Serge Tisseron s’est employé lui aussi à déplier chez Hergé. R.G. veut une nouvelle cuisine pour remplacer, en quelque sorte, l’ancienne, celle de sa mère. Outre le fait que la cuisine désigne à la fois la salle réservée à la préparation des plats, la préparation des plats et le plat lui-même – le lieu, l’art et le produit – on peut s’interroger sur ce qu’Hergé mijote en changeant de cuisine. Il fait bien mariner le lecteur !
Il va se lier d’amitié avec ce Killian, homme marié, comme Isis donc,  et qui vient d’avoir une enfant. Killian se laisse apprivoiser par ce R.G., de 33 ans son ainé, et aussi par ses confidences et fantasmes. R.G. ne veut pas seulement une cuisine aménagée mais un enfant, pas seulement l’avoir mais l’enfanter. L’histoire est tellement « grosse » qu’il finit par en être troublé, décontenancé. R.G veut être père, certes, mais aussi mère, réunir en son sein l’X et l’Y pour donner la vie, porter l’enfant… enfanter, c’est-à-dire engendrer, accoucher, mettre au monde. Le choix du terme est prodigieux car il témoigne d’un désir très précis, d’un moment qui permet le saut générationnel. Ce désir d’enfant (er) est un désir ontologique qui défie les lois de la nature, qui n’a ni sexe, ni genre, ni âge et dont bien des auteurs comme Bernard This (5) , Geneviève Delaisi de Parseval (6) , Françoise Hurstel (7)  ont fait l’examen.
Killian, le narrateur de cette histoire, ne voit pas très bien ce qu’il a à voir dans cette affaire. De son côté, il a bien éprouvé aussi quelques signes de couvade lors de la grossesse de son épouse mais il reste intrigué, troublé par le sérieux avec lequel R.G. le sollicite pour contribuer à ce projet. Killian finira pourtant par exaucer, après bien des résistances, les vœux de R.G. Il donnera sa semence, et celui-ci sera effectivement enceint… mais de quoi ? De qui ? Comment ?
Le lecteur, qui a lu les deux premiers romans, est conduit, lui aussi, à suivre les frasques de son auteur qui, à travers son personnage central, Raoul, Jean-Raoul, Hergé exprime de plus en plus les tréfonds de son âme. Il se fait mourir dans le deuxième opus, il devient enceint dans le troisième. Si l’on suit à la lettre ce chemin, cela n’a aucun sens qu’il s’agisse d’ailleurs de la raison comme de l’axe du temps. Si l’on suit les mouvements psychiques de l’auteur, on ne peut qu’être surpris au contraire de sa logique dynamique, économique et topique. La fiction est là non plus pour articuler une logique des faits biographiques, même si elle échappe en partie aussi à l’auteur, mais pour (re) construire ce qui constitue les remords et les regrets d’une existence. Les voies du désir empruntent les chemins de traverse que les voies terrestres ignorent. Etre père et mère à la fois, le devenir à 70 ans par l’intercession de la semence d’un autre homme, conteste aussi bien l’ordre naturel que l’ordre symbolique mais par le jeu d’écriture, à l’image de celle de Jean Schlumberger dans L’inquiète paternité (8) , l’improbable devient presque possible. Raoul Garnier trouve le moyen de construire cette intrigue de telle sorte qu’il entraine le lecteur dans cette aventure, de plus en plus médusé. La couverture du livre choisi par Raoul Garnier montre une statuette sans ventre, comme l’envers précisément de ce qu’il prétend vouloir devenir dans son titre. La statuette est « abstraite » contrairement au portrait de sa mère et de lui-même à 20 ans dans les deux premières autobiographies. Le ventre est « vide » pour témoigner de la vacuité paternelle mais le nom de Raoul Garnier est passé cette fois ci au-dessus du titre du livre, contrairement aux deux précédents ouvrages, comme s’il s’accomplissait pleinement ici en tant qu’auteur de sa vie. L’enfantement est une opération qui transforme l’enfanteur par enchantement. 

Le désir d’enfant d’R.G., sous la plume de Raoul Garnier, semble tellement fort que le lecteur se laisse prendre par ses fantasmes et la force de son dé-lire : R.G. n’a ni le sexe, ni la sexualité, ni l’âge pour enfanter mais il est prêt à renverser les lois humaines et celles de la culture par les forces pulsionnelles, Eros et Thanatos, de son désir tout-puissant, celle qu’on retrouve aussi dans les mythes, grecs ou romains, avec Zeus ou Jupiter, mais de manière encore plus extraordinaire dans la mythologie inuit rapportée par Bernard Saladin d’Anglure : « Les deux premiers humains sortirent de deux petites buttes de terre sous forme de deux mâles adultes. Ils voulurent bientôt se multiplier et l’un deux mit l’autre enceint. Quant la grossesse vint à son terme, ils constatèrent l’incapacité d’accoucher de l’homme enceint. Son compagnon provoqua par un chant magique la résorption de son pénis et une ouverture de son périnée, le transformant en femme, la première femme. Celle ci accoucha bientôt d’un fils. D’eux, sont issus, dit-on, tous les Inuit. »(9)  .

La mythologie reste cependant du domaine des Dieux. Dans l’histoire de R.G., la grossesse est soudainement interrompue par le verdict scientifique. Cette folie d’un désir va être stoppée nette par le retour brutal à la réalité. Vouloir enfanter quand tout s’y oppose conduit à la mort. A vouloir jouer les dieux, les hommes se condamnent. On retrouve dans L’homme qui voulait enfanter la même sanction que celle qui préside à L’inquiète paternité, il ne saurait y avoir de transgressions sexuées et sexuelles dans la logique procréative. Bien qu’R.G. pense dans un premier temps avoir été victime d’un « infanticide » médical, il admet finalement l’explication scientifique du corps médical Me voilà comme ce docteur  P. à tenter de comprendre la situation, à chercher une explication scientifique et humaine  à cette aventure : « Pour qui donne sens à ce qui lui arrive, la maladie cherche à nous guérir ! Elle est opportunité, chance dans notre parcours de vie. Elle est là pour nous permettre de croître spirituellement ! ».

C’est en lisant entre les lignes, par l’analyse des métaphores et des métonymies, des mythes et des légendes, des faits et des fictions, que le lecteur peut trouver la logique de cette trilogie qui est moins à chercher dans la succession des récits que dans le parcours de son auteur qui passe du dévoilement autobiographique à l’autofiction narrative. Elle se niche dans le jeu d’écriture, des ombres et des lumières de son auteur. Au dévoilement de l’identité cachée succède l’expression d’un amour silencieux qui permet d’exprimer le désir souterrain et tabou d’un homme qui aurait voulu enfanter.  L’autofiction dit bien davantage encore que l’autobiographie, elle rend compte de ce qui ne peut arriver dans la vie mais qui se trame dans l’arrière-cuisine de nos espérances secrètes.

Emmanuel Gratton
Maître de conférences, psychologue et sociologue clinicien
Université d’Angers

NOTES
1. Gratton Emmanuel, L’homoparentalité au masculin, le désir d’enfant contre l’ordre social, PUF, 2008
2. Lejeune Philippe, Le pacte autobiographique, Seuil, 1975,(coll. « Poétique »)
3. Durel Alain, Les amants du silence – Le roman de Charles de Foucauld, Ed.  L’œuvre, 2009
4. Doubrovski Serge, Fils, Galilée, 1977
5. This Bernard, Le père : acte de naissance, Ed. du Seuil, 1980
6. Delaisi de Parseval Geneviève, La part du père, Ed. du Seuil, 1981
7. Hurstel Françoise, Identité masculine, inversion des rôles parentaux, fonction paternelle
In Le père, l’homme et le masculin en périnatalité, ERES, 2003
8. Schlumberger Jean, L’inquiète paternité, NRF, 1911
9. Saladin d’Anglure Bernard, Le troisième sexe, La recherche, N° 245, 1992

DÉTAILS
ISBN : 978-2-343-06067-5
2 mai 2015
182 pages
Prix éditeur : 16,63 €
POUR COMMANDER – http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=47084

DU MÊME AUTEUR

Le choix du fils
SOMMAIRE: « L’auteur, fils unique, enfant posthume, sous l’emprise affective de sa mère et sous le mensonge d’une vie qu’il lui consacre, étouffe dramatiquement. Au décès de sa mère, il a soixante ans. Possédé par un impérieux besoin d’authenticité pour exister, enfin, il écrit le Choix du fils, récit de sa quête identitaire et spirituelle. Il révèle son homosexualité, entrave à une relation loyale envers sa mère et obstacle à un cheminement vers Dieu. Désormais sans parent, il recherche sa famille paternelle – elle lui est inconnue – et oeuvre pour un rapprochement avec la parentèle maternelle. Démarche de deuil et de vérité, démarche de pardon et de réconciliation avec soi, les siens, « ses hommes » et Dieu, ce livre retrace le cheminement d’une résilience. » Par Raoul Garnier, Édition de l’Harmattan.
https://www.psycho-ressources.com/bibli/choix-du-fils.html

L’Amant du silence
SOMMAIRE: Présentation de Élisabeth Gontier, Docteur en psychologie – « L’Amant du silence n’est pas une autobiographie mais une « auto-fiction », selon le terme si justement choisi par son préfacier, F. Tézenas Dumontcel. C’est ce qui autorise l’exercice de psychanalyse de la littérature que l’on pourra lire dans les lignes qui suivent et dont il importe de resituer les limites : il ne s’applique pas à la personne réelle de Raoul Garnier dont l’intimité restera ainsi préservée, mais bien au récit imaginaire qu’il a créé. Le premier éclairage à apporter concerne le nom d’Isis. L’auteur confirme qu’il l’a choisi pour le narrateur de l’histoire en fonction de sa sonorité évoquant un passé intime partagé avec lui, sans volonté de référence à la déesse d’Égypte. Quelques correspondances remarquables pourraient toutefois venir enrichir notre compréhension de ce texte complexe à la fois dans sa structure et dans la matière humaine qu’il explore. Certes, Isis est une déesse et le personnage d’Isis est clairement masculin, malgré sa bisexualité. Cependant, il est possible de comparer l’action de la déesse, qui par son amour redonne vie à son époux et frère Osiris, à celle du notable normand qui mobilise « Éros au secours de Thanatos » dans sa rencontre avec un Jean-Raoul vieillissant et désespéré, puis qui le fait vivre par-delà la mort en publiant ses écrits posthumes, le ressuscitant pour ainsi dire. Comment encore ne pas faire le parallèle entre la déesse qui se lance dans une recherche vouée à l’échec du phallus perdu de son mari, et l’Isis de cette auto-fiction, qui tente en vain de ranimer le désir de son amant ? » Par Raoul Garnier, Éditions l’Harmattan, France.
https://www.psycho-ressources.com/bibli/amant-du-silence-temoignage.html


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La Dre Christine Grou est élue présidente de l’Ordre des psychologues du Québec

OPQ – DERNIÈRE HEURE
Bulletin électronique de l’Ordre des psychologues du Québec
22 mai 2015, NUMÉRO 9, VOLUME 9
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LA DRE CHRISTINE GROU EST ÉLUE
PRÉSIDENTE DE L’ORDRE DES PSYCHOLOGUES DU QUÉBEC

Les psychologues du Québec ont élu une nouvelle présidente à la tête de leur ordre professionnel, la Dre Christine Grou. Elle succède à Mme Rose-Marie Charest, qui, après 17 ans à la présidence de l’Ordre et six mandats consécutifs, n’a pas sollicité un nouveau mandat.

Titulaire d’un doctorat (Ph. D.) de l’Université du Québec à Montréal, la Dre Grou est psychologue et chef de la discipline de psychologie à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal (Hôpital Louis-H. Lafontaine). Psychologue et neuropsychologue, elle exerce également en pratique privée depuis 1992. Elle a œuvré dans le milieu universitaire comme enseignante, conférencière, superviseure, chargée de formation clinique et membre du consortium d’internats de l’Université de Montréal. En 2008, l’Ordre des psychologues du Québec lui décernait le Prix professionnel en reconnaissance de ses réalisations remarquables et de sa contribution à la profession.

La Dre Grou détient aussi une maîtrise en bioéthique de l’Université de Montréal. Elle siège à titre d’éthicienne à plusieurs comités en d’éthique, elle préside celui de l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal ainsi que la Table des chefs de services et représentants de la psychologie en milieu hospitalier et elle est membre du conseil d’administration de l’Ordre des psychologues.

« Je suis  heureuse,  fière  et reconnaissante de la confiance que m’accordent les psychologues du Québec. Je compte présider l’Ordre dans la continuité et  le respect de son mandat de protection du public, en demeurant le plus près possible de la réalité des membres » a déclaré la présidente élue. « Être psychologue, c’est éprouver une profonde passion pour la nature humaine. C’est aussi la respecter, en la préservant des jugements et motivations qui nous sont propres. C’est mettre à profit la rigueur d’un savoir, la richesse d’une réflexion et l’humilité qu’engendre le sentiment de son ignorance. C’est conjuguer les vertus de la prudence avec la détermination de ses actions. C’est vivre avec la passion d’apprendre, le souci de comprendre et le désir d’intervenir dans l’espoir de générer les plus grands bienfaits possible. Être psychologue, c’est pour moi non seulement une identité, c’est un privilège. »

Le processus électoral s’est tenu sur l’ensemble du territoire québécois au cours des mois d’avril et de mai auprès des 8500 membres de l’Ordre. Outre le poste de président, 6 postes d’administrateurs sur les 24 que compte le conseil d’administration ont également été pourvus :

Région 03 – Québec/Chaudière-Appalaches : M. Richard Couture
Région 06 – Montérégie : M. Simon Lemay
Région 07 – Montréal : Mme Lynda Brisson, M. Stéphane Guay, M. Conrad Lecomte
Région 09 – Outaouais/Abitibi-Témiscamingue/Nord-du-Québec : M. Charles Demers

La présidente et les administrateurs sont élus pour un mandat de trois ans.


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