La pédagogie de Un Cours sur les Miracles (A Course in Miracles) établit des liens symboliques avec les croyances ancestrales judéo-chrétienne encodées dans le système de penser de l’élève et définit les termes de la relation Père-Fils. Le Cours associe cependant la notion de Soi à cette unité Père-Fils, une référence évidente à la philosophie indienne du Vedenta qui nomme le Tout Brahman ou Soi. Le Vedenta est la doctrine traditionnelle indienne de la non-dualité – bien que le processus d’enseignement du Cours s’en différencie largement par son langage symbolique chrétien, son approche pédagogique et ses applications pratiques. Ce Cours se démarque en effet de cette doctrine traditionnelle – et en général des autres systèmes philosophiques orientaux et occidentaux – parce qu’il intègre les principes métaphysiques de la non dualité aux découvertes freudiennes du mécanisme psychique égotique, ce qui donne à l’élève des outils de réflexion et d’observation psychologiques qui vont lui servir à examiner les effets de ses propres fantasmes et des croyances auxquelles il donne foi. Ainsi apprend-t-il à rectifier ses jugements et ses ressentis conflictuels face aux événements du monde antagoniste qu’il perçoit jusqu’à ce qu’il fasse le choix conscient de l’unité de l’esprit qui lui apportera l’expérience de la paix. Comme l’enseignement du Cours s’adresse à des esprits occidentaux dont les valeurs et les croyances sont sous influence judéo-chrétienne, ces textes rectifient le sens de la terminologie symbolique chrétienne qui confond abstraction et anthropomorphisme ; la compréhension et les applications pratiques de ses principes en sont ainsi facilitées. Mais l’idée fondamentale que développent ces deux enseignements est la même : le monde est maya, le monde de la dualité est une illusion car l’état-Un de la Cause et de son Effet est la définition de la réalité.
Il en découle que la perception d’un monde dans lequel tout semble divisé, séparé et différent, imparfait, haineux et cruel, signifie que ce monde ne pouvant être la réalité (c’est-à-dire l’Effet de sa Cause qui est Amour) ne peut être que rêvé par l’esprit qui se croit divisé et séparé de son unité, sa Cause. Mais par quoi ce rêve – qui démontre l’inverse de la réalité – est-il donc rêvé ? Le Cours affirme que par définition un rêve est une illusion rêvée par une partie de l’esprit qui a choisi la séparation plutôt que l’union ; ce qui est une impossibilité en réalité. C’est pourquoi l’esprit dort car dans son sommeil il peut rêver de ce qu’il souhaite. Souhaitant la séparation, il s’identifie à l’image d’un corps qu’il perçoit dans son rêve et le nomme « moi » justement parce qu’il est séparé de tout, particulier, autonome et qu’il obéit à la volonté personnelle du rêveur. Ce corps et tous les autres corps – comme les situations qui peuplent son rêve – sont les effets symboliques de ses croyances, de ses souhaits contradictoires et de ses pensées de conflit. Mais parce qu’ils sont niés ils sont projetées hors de son esprit sur l’écran du vide et dans le spectacle du monde qui lui apparaît alors il ne reconnaît pas les effets de ses propres croyances dans ce qu’il voit.
Les réactions de l’élève aux expériences perceptives et sensorielles qui animent ce qu’il nomme sa vie sont donc les effets de ses fantasmes dont il préfère rêver. S’il préfère son rêve à la réalité c’est parce que non seulement il le rêve seul mais il veut le rêver seul pour se croire particulier et faire sa volonté séparée. L’ayant souhaité – mais oublié – il fait donc l’expérience de la séparation, du conflit, de l’attaque, de la culpabilité, de la perte de l’amour, de la peur et de la mort, tout en peuplant son rêve de formes diverses et changeantes qui espère-t-il le sauverait de sa souffrance s’il pouvait seulement se débarrasser de ce qu’il n’aime pas et posséder ce qu’il aime : ce sont ses nombreuses idoles auxquelles il donne le pouvoir de le sauver de la terrible culpabilité dont son rêve est fait. Et tant que durera son rêve il ne pourra se connaître lui-même en tant qu’Être, Principe Spirituel, Fils de Dieu uni à sa Cause Première.
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